Il était question auparavant, grande particularité du
français (ce qui le rend si difficile à aborder par les étrangers), de la
différence entre ce qui est écrit et ce qui est dit : les lettres
muettes en nombre considérable et dont la présence et le maintien sont rarement
justifiés. C’est vrai. Mais je me suis exclamé à cet endroit :
« Et l’anglais, alors ? », l’anglais qui partage
avec le français cette particularité (source de nombreuses discussions animées
avec Éléonore qui ne partage pas mon point de vue). Je me suis aussitôt emparé
du premier livre anglais à ma portée et en ai lu une page au hasard (comme si
j’avais eu besoin de cette confirmation et je me demande pour quelle
raison j’ai eu ce geste, puisque j’étais certain de mon fait), lecture
qui m’a renvoyé à une stupéfaction dont la minute auparavant,
l’existence et la possibilité même m’auraient paru inconcevables,
car j’ai bien été obligé de constater qu’en réalité l’anglais
présente un nombre infiniment moindre de ce type « d’exceptions »
(particularités) que le français (et je me suis rendu compte à ce moment-là
qu’il y avait eu confusion dans mon esprit, en ce sens que le
rapprochement que je faisais entre les deux tenait au fait que l’une
comme l’autre ne se disent pas comme elles s’écrivent
– et de ce point de vue, l’anglais dépasse largement le
français : les exceptions sont innombrables, à ce point qu’il faut
presque connaître la prononciation de chaque mot séparément – et sur
ce point, Éléonore est évidemment parfaitement d’accord avec moi). Mais
je pense tout de même que cela mériterait un approfondissement…