Il y avait, parmi la dizaine de livres qui attendent sur le second bureau, Pourquoi Drancy ? Je l’avais feuilleté après son achat et, je ne sais pourquoi, il ne me disait rien qui vaille. Il y avait le nom de Guitry sur la couverture et ça avait été suffisant pour que je l’achète, mais encore ? Encore un livre sur cette période pénible ? Que pouvait-on en dire qu’il n’ait lui-même dit ? Et qui était cet obscur Philippe Crocq ? Et il y a la couverture, énigmatique, illustrée par une photo de Guitry que je ne connaissais pas. En haut, son nom en gras et grand, dessous le titre, et puis, en plus petit, à droite, en partie avalée par la photographie, le nom de l’obscur : Philippe Crocq. Qui est-il ? En quatrième de couverture figure une photo où apparaissent quatre personnages : Philippe Crocq, sa mère, Marcel Crocq, Sacha Guitry qui remet la légion d’honneur à l’avant-dernier. Philippe Crocq a des culottes courtes et n’a pas l’air d’avoir plus de quinze ans… La photo est de 1947, Sacha est encore loin d’être mort, mais que peut dire ce garçonnet sur l’incarcération de Guitry deux ans auparavant ? Bref, je l’ai entamé, en suis à la page 150 et il apparaît qu’il s’agit d’une autobiographie dont Guitry serait l’un des personnages. C’est donc de l’ordre de la publicité mensongère, voire de l’escroquerie. Pourtant, je lis et pour l’heure, je suis accroché. L’auteur est né en 1933, a une dizaine d’années pendant la guerre et c’est de la guerre qu’il parle principalement, celle qu’il a vue avec ses yeux d’enfant et celle dont il peut parler avec son esprit d’adulte. Il y a donc son histoire personnelle, mais aussi toute l’ambiance de la guerre et la manière dont Guitry s’y insère. Le tout est écrit d’une manière enlevée et alerte (avec de grosses bourdes de typo et d’énormes fautes d’orthographes : il n’y a pas non plus de correcteurs chez ces énigmatiques Éditions de La Lagune) et c’est suffisant pour que ça me prenne. Il n’empêche, j’attends…
2 novembre 2011