Il s’agit de La Bibliothèque Gallimard. Cette édition est destinée aux élèves de seconde, c’est-à-dire de quinze, seize ans. Textes, explications, appareil critique et analytique, c’est décortiqué à l’extrême et je me suis prêté au jeu : je suis en seconde, j’ai quinze ans et je lis ce livre. Je n’ai pas tout lu du dossier (présentation, analyses, etc. – mais je le ferai peut-être), mais l’ai largement parcouru, notamment en ce qui concerne Proust puisque suit son pastiche L’affaire Lemoine par Gustave Flaubert qui avait paru en 1908. Proust a donc une large part dans cette édition, le pastiche, son attachement à Flaubert ; c’est intéressant, et instructif (j’ai beaucoup de mal à mettre mes idées au clair, et je ne pense pas que ça soit lié à l’heure « matinale »). Ce qui l’est aussi, c’est ce livre en soi. Je n’ai pas le moindre souvenir d’avoir fait de l’explication/analyse de texte au lycée ; en ai-je fait ? (Il est possible que non puisque j’étais en D – aberration ; je m’étais souvent demandé par la suite, et me le demande encore, par quel mystère je m’étais retrouvé en D et non en A, d’autant que mes meilleures notes étaient en français, philo, langues et qu’il était déjà manifeste que j’étais beaucoup plus un littéraire qu’un scientifique, même si maths, physique, bio me plaisaient.) Il n’empêche que ça me sidère, et m’épate : étude, décortication (décorticage ?) d’un texte, style, grammaire, structure, la manière dont l’auteur – Flaubert, en l’occurrence – construit, agence son texte, la manière dont il se distingue de ses prédécesseurs et de ses contemporains (du moins à les croire, et à en croire Proust), et comment (Flaubert, toujours) il en arrive à être qualifié de précurseur. Ce n’est pas toujours convaincant (et parfois je trouve qu’ils chipotent), mais c’est sans doute parce que je me trouve du même côté, c’est-à-dire de celui qui écrit. Ce qui m’étonne aussi (voire me stupéfie) est que cela s’adresse à des jeunes gens de quinze, seize ans (les surestiment-ils, est-ce que je les sous-estime ? – un repentir : j’avais écrit « les sous-estimé-je ? »). Qu’ont-ils à faire d’un texte tel que celui-ci et d’une analyse aussi pointue ? (Il serait sans doute plus intéressant – et ils seraient sans doute plus intéressés – d’aborder des textes plus « révolutionnaires » et/ou plus proches d’eux – je relève, dans les listes « collège » et « lycée » Ionesco parmi les rares contemporains et ni Proust ni Céline n’y figurent…) Je m’en serais sans doute fichu, aurais réclamé du « sang neuf ». Ils sont invités à participer. Le font-ils et jusqu’où ? Sont-ils intéressés et jusqu’où ?...