« Bellino, c'était le nom du castrato, cédant aux instances de don Sancio, se leva de table, se mit à son clavecin et chanta d'une voix d'ange et avec des grâces enchanteresses. Le Castillan écoutait les yeux fermés et dans une sorte d'extase ; mais moi, bien loin de fermer les yeux, j'admirais ceux de Bellino, qui, noirs et pleins de feu, semblaient lancer des étincelles dont je me sentais embrasé. Je découvrais en lui plusieurs traits de Lucrèce et les manières gracieuses de la marquise, et tout me décelait une belle femme ; car son habit d'homme ne masquait qu'imparfaitement la plus belle gorge ; aussi, malgré l'annonce, je me mis dans la tête que le prétendu Bellino n'était qu'une beauté travestie, et mon imagination prenant l'essor le plus libre, j'en devins tout à fait épris. »

Qui en vérité est :

« En se levant de table, Bellino, c'était le nom du castrato première actrice, à l'instance de D. Sancio, se mettant au clavecin, s'accompagna un air avec une voix d'ange, et des grâces enchanteresses. L'Espagnol, qui écoutait tenant les yeux fermés, me semblait en extase. Moi, bien loin de tenir les yeux fermés, j'admirais ceux de Bellino, qui noirs comme des escarboucles jetaient un feu qui me brûlait l'âme. Cet être avait plusieurs traits de D. Lucrezia, et des manières de la marquise G. Son visage me paraissait féminin. Son habit d'homme n'empêchait pas qu'on ne vît le relief de sa gorge, ce qui fit que, malgré l'annonce, je me suis mis dans la tête que ce devait être une fille. Dans cette certitude, je n'ai point du tout résisté aux désirs qu'il m'inspira. »

Et à propos de la « belle gorge »...