Je me suis arrêté deux fois, Zattere, puis
Fondamenta Nani où se trouvait un « pavillon » de la Biennale, plusieurs
intervenants dont je n’ai rien retenu (Orlan était à l’affiche ; je me demande
s’il ne s’agissait pas des vidéos des corps écorchés mobiles ; pour le reste,
c’est de l’ordre de l’agrément, de la décoration, comme toujours). Puis Accademia, Stefano, le campo désert dont je ne me souviens plus du nom (pourtant
j’ai regardé la plaque pour m’en souvenir – avec cette bizarrerie : avant de
partir, j’avais jeté un œil sur le plan – je ne voulais pas m’encombrer du
Moleskine et voulais surtout retrouver mon chemin de mémoire – pour aller à
Salizzada Lio en partant de Stefano : la route est pratiquement droite ; lorsque
j’ai dépassé l’église San Stefano pour déboucher sur ce campo, j’ai été surpris
parce que je ne me rappelais pas qu’il apparaissait sur le plan ; je viens de
vérifier : en effet, il ne s’y trouve pas. Il s’agit du campo San Angelo qui
figure sur tous les plans en ma possession. Quel est ce mystère ? Comment
peut-il ne pas figurer sur le plan du Moleskine, d’autant qu’il est de grandes
dimensions ?), Rialto, Salizzada Lio, Formosa… Je n’avais pas le souvenir que
c’était un tel foutoir chez le bouquiniste à la gondole ; il me semblait qu’il y
avait un certain classement (dans la pièce de droite). Non. J’ai très vite
renoncé (je cherchais le second volume des Fiabe). J’ignorais aussi qu’il
y avait une annexe à laquelle on accède en traversant un ramo. C’est le même
foutoir, impossible de s’y attacher (un homme s’y trouvait qui bougeait, remuait
des piles de livres avec un air pas commode ; je lui ai dit « buongiorno », il a
grommelé et a poursuivi sa tâche inutile : qui vient là, qui achète, comment s’y
retrouver ? c’est sans doute ce que signifiait son grommellement). J’ai alors
pensé au bouquiniste du campo Santa Maria Nuova. C’est sur la route du retour en
traversant Cannaregio. Direction Ospedale, campo S. Giovanni, j’y suis, à la
terrasse des Chinois où j’avais payé un prix prohibitif pour un spritz. Je
m’étais juré de ne plus y revenir (c’était le jour où j’avais acheté Venezia
è una città, que j’avais entamé à la
terrasse, j’étais avec Éléonore). Ce ne sont plus des Chinois, mais des
serveurs Italiens (en tout cas, le serveur l’est)… Le Condottiere a enfin
été remis à neuf. Il est en face de moi, mais le parasol m’empêche de le voir…
21 septembre 2013