La question que je me pose à présent est : cette femme existe-t-elle ? Si elle existe réellement, si elle est bien l’amie, qu’est-ce qui peut justifier l’attitude de l’auteur envers elle ? que signifie exactement le texte Analyse ? Je veux dire : en-dehors du texte en lui-même et de ses origines, c’est-à-dire le prélèvement dans le réel, voire, en l’occurrence, le vol (s’accaparer – voire s’approprier – l’intimité de quelqu’un à des fins littéraires), à quoi répond le besoin de l’auteur d’y ajouter un coup ultime comme pour abattre définitivement celle qui, sans l’ombre d’un doute, est une victime ? C’est la littérature qui le pousse, et davantage, un jeu sur la littérature, en l’occurrence, l’analyse de l’analysée… Tout cela est très étrange, me met mal à l’aise. En même temps, je pense à Marcel qui peut-être a eu la même réaction que la dame en lisant Emma ; je pense aussi à Olivette qui avait été gênée par ce que j’avais rapporté d’elle dans les Journals publiés. Je pense enfin à mon désir, un jour, de tout publier sur mon histoire avec elle ; à mon désir, mais aussi aux réticences qui y sont liées (et qui sauteront si je parviens à la conviction qu’il s’agit d’un texte important). En même temps, Marcel avait été mis au courant de ce que j’avais écrit, et après avoir su l’embarras dans lequel s’était trouvée Olivette à la suite de la lecture du journal, je lui avais promis de ne plus la mentionner même indirectement, promesse que j’avais tenue.