C’est alors que m’est revenu à la mémoire
un fil de souvenir, fil au long duquel, lié à la forte impression que
m’avait fait ce livre, un corps s’approchait d’un autre, et
une voix s’adressait à une autre pour, justement, exprimer cette
impression, pour en faire part et mieux, la partager ; et de l’un
des corps émergeait une main vers laquelle se tendait une autre main pour se
saisir de ce que la première lui tendait : un livre… Oui, il y a dû
avoir cela. Et plus j’y pensais, plus j’étais persuadé d’avoir
recommandé à Éléonore la lecture de ce livre dont je sortais décontenancé et un
peu bouleversé, et le fait qu’il s’était agi d’une femme,
actrice et victime, m’avait poussé à cette recommandation immédiate (et à
ce prêt immédiat), et il me semble bien, maintenant que j’y pense, que je
me suis posé la question suivante au terme de cette lecture : « Que
pourrait penser une femme de ce livre écrit par un homme et concernant si
directement une femme ? » Alors, j’ai dû lui en parler et
effectivement lui avait remis ce livre aussitôt...