Je le lui ai demandé avant-hier.
« Who ? » « Camon. » « Never heard
of him. » Elle a été catégorique : jamais
je ne lui avais remis ce livre. Et je ne l’ai pas crue. Non que je l’accusais de
me mentir, mais plutôt d’avoir un trou de mémoire puisque désormais j’étais
persuadé qu’il ne pouvait y avoir d’autre solution, que je ne pouvais l’avoir
égaré, que je ne l’avais pas prêté (je ne prête pas mes livres). Alors, je le
lui avais remis. Alors, et c’était hier soir (et puisqu’elle s’obstinait à nier
le prêt de ce livre), j’ai profité qu’elle était couchée pour visiter la petite
table de son bureau où elle pose ses livres en cours ou en prévision. Il n’y
était pas. Puis j’ai consulté la partie de sa bibliothèque consacrée aux livres
lus au cas où, par « mégarde », elle l’y aurait glissé. Il n’y était pas. Puis
je suis passé dans le séjour où se tient la seconde partie de sa bibliothèque
qui comporte sa souffrance. Il n’y était pas. Alors ? Alors ce matin, je lui ai
de nouveau posé la question en lui précisant que c’était un livre que je lui
avais recommandé. Elle a froncé les sourcils. « Recommandé ? » Puis elle a
réfléchi. « Peut-être. » Puis : « Je vais regarder. » Puis : « Maintenant que
j’y pense, oui, il est possible qu’il soit dans ma chambre… » Et enfin : « Mais
je ne l’ai pas encore lu. Je ne suis pas sûr que tu me l’aies recommandé, sinon
je l’aurais lu tout de suite. » « Ah si, je m’en souviens très bien. Et il était
même important pour moi que tu le lises rapidement. » Et après ?
13 mars 2002