Quelques jours plus tard, je reçois cette lettre :

 

 Bonsoir Monsieur Grudzien,

J’avais lu votre mail il y a quelques jours et il m’a paru si dense que je ne pouvais y apporter de réponse rapide. Je n’ai pas votre culture littéraire loin s’en faut. J’ai vu cités certains des auteurs que vous mentionnez (Thimothy Leary, Ginsberg, Burroughs), mais je ne m’y suis pas intéressé. Je viens d’imprimer votre mail et surligner les titres des 2 livres (Les Bienveillantes et Le zen chevaleresque...) je tâcherai de me les procurer. Cependant pour Castaneda, vous verrez, ce sont des strates. Au début, lui aussi ne voyait que l’apparence, le système « de cause à effet », ce « cartésianisme américain » lui venait de son école d’ethnologue. Il lui faudra 10 ans environ de rencontres assidues avec Don Juan Matus, les autres Naguals et Disciples pour comprendre, et à travers ses livres successifs, nous transmettre sous forme de dialogues très vivants ces « expériences de réalités non ordinaires ». Comme avec un télescope qui se met en température et dont la mise au point s’affine, plus vous avancerez, sans brûler les étapes, et plus la lecture des livres de Carlos Castaneda rendra lumineux le chemin des « guerriers » (qui ne cherchent en fait qu’à vaincre leur ego, leur « suffisance »), avant de devenir des « hommes de connaissance ». Le « sorcier » n’utilise la ruse qu’à bon escient, pas pour faire le mal, mais pour mettre les « apprentis » dans un état « réceptif » nécessaire pour accepter ce qui dépassera l’entendement de nos sens ordinaires... Je vous souhaite de longues et belles heures de lecture et peut-être d’expériences.

Votre travail d’écrivain est déjà une manière de ruser avec les lecteurs pour les plonger dans un autre Univers, c’est un travail de « sorcier »...

Cordialement,

Emerald Burnhoven

 

À laquelle je réponds à mon tour...