Cette citation pose quelques problèmes. Tout
d’abord, elle est sortie de son contexte. Ensuite, elle semble présenter,
grammaticalement, une anomalie. En effet, « similes » est un nominatif ou un
accusatif pluriel, alors que le verbe est au singulier. J’en ai parlé à Apollos
qui, de même, a trouvé cela singulier, mais a suggéré qu’il n’était pas
impossible, puisqu’il s’agissait de poésie et plus particulièrement de poésie
latine, qu’Ovide ait choisi « similes » pour « similis », c’est-à-dire d’en
faire un nominatif masculin/féminin singulier. Cela ne résout cependant pas
l’autre problème qui est celui de la traduction. Voici le contexte du présent
passage :
« Callot […] pour redoubler les horreurs des
scènes infernales, mit au milieu de leurs démons la tête d’une jolie femme sur
la carcasse d’un animal, et au contraire, les grands peintres chez les Grecs,
pour rendre Vénus plus intéressante, la représentaient avec des yeux un peu
louches. Ce fait étant réel […] j’ai prié mon frère […] de m’écrire là-dessus
son avis. Voici ce qu’il m’écrit. Dans mon article de Vénus, là où je fais
une description de toutes ces beautés, je dis que le regard de cette déesse
devait avoir eu quelque chose d’extraordinaire dans l’effet puisqu’on le
caractérisait de louche. Ovide, de arte amandi, v. 659, dit
isque straba est Veneri similes. »
« Straba » signifie bien « louche » (d’où
« strabisme »), mais est un nominatif (voire un ablatif) alors que « Veneri »
est un génitif. En toute logique, les deux ne peuvent s’accorder. Il faut donc
supposer qu’il s’agit de quelqu’un d’autre, d’une autre femme dont le regard
sera comparé à celui de Vénus. Ce qui donnerait, sommairement :
et qui plus est, louche-t-elle semblablement à
Vénus.
(Mais est-ce bien dans son sens premier que le
frère de Casanova employait le mot « louche » ?...)