
J'avais commandé pour Éléonore un livre consacré
aux Celtes et en avais profité pour jeter un coup d'œil sur la bibliographie de
Ballard qui, depuis Cocaine nights, se faisait désirer. C'est de cette
manière que j'ai découvert son nouveau roman, Super-Cannes ; je me suis
empressé de le commander. Je l'ai reçu hier et aussitôt entamé. Dès les
premières lignes, tout est là : Eden-Olympia, sorte de Silicone Valley à la
française, aux abords de Cannes ; le narrateur est un ancien aviateur ; sa femme
est médecin ; le lieu a été marqué par un meurtre en série aussi épouvantable
qu'inexplicable... L'aviation, la médecine, un lieu paradisiaque idéal souillé
par la folie meurtrière. C'est Cocaine nights et Running wild
réunis... J'ai écrit hier que Godard faisait toujours le même
film ; Ballard, depuis quelques années – mais peut-être depuis toujours, si je
considère le médecin et l'aviateur comme des constantes de son œuvre –, écrit le
même livre, livre sur une vision d'un futur proche où prolifèrent les
microcosmes clos et paradisiaques dans lesquels l'assistanat est total (à
l’image de cette ville privée aux États-Unis, dont j'ai oublié le nom, lieu
idyllique mais régi par des lois implacables, clôturé et où il est impossible
d'entrer sans montrer un passe et avoir été au préalable invité par l'un des
résidents ; dans cette ville, dans quelque temps, un homme ou une femme, se
saisira d'un fusil et, dans la douceur factice de ce rêve social californien [où
était-ce ailleurs ?], décimera une famille ou deux avant de retourner l'arme
contre lui)... Les récurrences : le Cessna, les cicatrices...