Ballard : la clairvoyance, l'acuité du regard sur le monde humain ; le monde intérieur (et la notion de paysage intérieur)... Les trois sommets de l'uvre : The Atrocity Exhibition (même si ça lorgne un peu trop du côté de chez Joyce), Crash (l'invention d'un comportement, ou plus exactement la prospection en vue d'un nouveau comportement ; c'est sans aucun doute l'un des livres les plus importants que je connaisse mais à relire en anglais) et Running wild (pour une nouvelle prospection d'un comportement)... L'homme dans la ville, le domaine urbain dans lequel il est pris, incarcéré : pas d'autres ressources que l'introversion, l'enfermement sur soi et son propre paysage intérieur qu'il faut appliquer à l'extérieur (High Rise à relire aussi en anglais) ; puis extension à la banlieue, banlieue de la ville, puis dans la désertitude : la station balnéaire, ou plus exactement la résidence balnéaire (Cocaine Nights) ; la notion de haute sécurité, d'assistanat complet, de la prothèse médiatique : Running wild en est l'aboutissement, l'achèvement complet : « This was a warm, friendly junior Alcatraz », dit l'un des protagonistes. C'était une sorte d'Alcatraz en réduction, amical et chaleureux... Résidence de grand luxe, petite ville en soi dans la banlieue, clôturée, gardée et où toute communication se fait par le truchement de la vidéo. Surveillance, assistance totales ; univers clos, ouaté, huilé, quiet, sans surprises, sans heurts d'aucune sorte. Protection et garantie absolues. Il ne peut rien s'y passer de néfaste, même de désagréable. Aseptisation des activités, des occupations, des professions. Mais un jour, il s'y passe quelque chose...