Running wild comme une fable, une parabole, non future, mais actuelle... Ballard revendique son appellation et son statut d'écrivain de science-fiction. C'est la science-fiction telle qu'elle a été créée et appliquée par une nouvelle génération d'auteurs (dont Priest, à lire et relire), dont lui-même, au début des années soixante en Angleterre. C'est l'observation du monde actuel, contemporain. C'est, à partir de là, la tentative de création d'une nouvelle littérature, d'une nouvelle façon de voir et d'écrire adaptée à ce même monde ; expérimentale au départ (The Atrocity Exhibition), puis plus classique dans sa forme. Mais le ton, la réflexion (et le style dans son cas) restent les mêmes... (Ballard a-t-il un style ?) Relecture dix ans après : de nombreux détails que j'avais oubliés, j'ai même l'impression de découvrir ; la fin abrupte qui m'a surpris et peut-être laissé un peu perplexe, voire sceptique (quelque chose de bâclé, c'est-à-dire : comment vais-je arrêter ce récit qui ne doit pas comporter de conclusion). Mais l'impression d'ensemble reste la même : vision terrible et lucide d'un monde en voie de constitution, d'autant plus terrible qu'il y a ce ton (ton identique, cher à lui) froid, distant, de pur constat (à noter la récurrence du médecin comme narrateur et personnage principal)... (Notes sans rapport : « the praying mantis » pour la mante religieuse, c'est-à-dire la « mante qui prie »...)
21 octobre 1999