Je mange le petit pain aux raisins que m’a vendu à tort une jolie black à Montparnasse. En mastiquant, je regarde le paysage obligé de se déplacer pour mon agrément. Le défilement d'un paysage est bon pour les idées.

(J’ai décidé de ne pas regarder l’heure jusqu’à l’arrivée.)

Nous traversons la campagne. Laquelle ? Je remarque qu'il y a peu de clochers pointus. Le ciel se couvre. Je remets mes lunettes. Mon fidèle cure-dents va d’un côté à l’autre de ma bouche. Un black écoute de la musique, avec un casque et non avec des écouteurs.

Le sachet au petit pain, ainsi que les serviettes jointes, porte cette inscription : « PHILÉAS, une pause pour goûter le monde », c'est eux qui soulignent. Comme Le Monde.

Brouwers : des horreurs dans les camps (on entend rarement parler des Néerlandais en Extrême-Orient durant la Deuxième guerre mondiale), puis des séries de notes qui s’apparentent à celles d’un journal. P. 153 : la montre automatique, qui ne doit donc pas quitter le poignet et s’arrêter à l’instant de la mort (pas comme celle de Boeti)...

« C'est une montre que vous n'avez pas besoin de remonter aussi longtemps que vous la portez au poignet et que votre artère radiale palpite. » Une de celles de Boeti, exposée dans une vitrine du musée quelques mois après sa mort, continuait à fonctionner . C'était émouvant. (« Poignant... », m'avait dit Ariane qui m'accompagnait.)

 

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