Le
Protestant peut-elle accepter cette idée ?
« Justement
une fosse est ouverte, des hommes saffairent autour
delle : nous nous approchons sans timidité car
personne na accompagné le mort jusquà sa tombe, ce
nest pas lusage dans ce pays rieur. En fait, le gazon
recouvre dune écorce légère dimmenses
maçonneries, les fosses sont bétonnées ; on descend le
cercueil par un système de treuils et de poulies. Les fossoyeurs
ne sont pas des jardiniers, mais des mécaniciens. Et quant à
lherbe qui déguise les architectures de ciment, elle se
débite en larges bandes quon roule comme du
linoléum : elle doit se fabriquer en série, je ne sais
où. N. me dit que les cercueils même sont étanches, lair
ne peut pas y entrer, de sorte que les vers ny peuvent pas
vivre ; les corps sont momifiés avec une perfection plus ou
moins grande selon les différents devis. De toutes façons, on a
ôté les viscères, maquillé et peint les visages qui sont
restés exposés un ou deux jours aux parents et amis dans le Funeral
Home. »
Jai
peine à croire que dans un pays si attaché à la religion,
linhumation se fasse sans la présence de la famille ou de
proches. Quant à la momification, je ny aurais pas cru (ou
en aurais fortement douté) si je navais pas lu la même
chose chez Simenon.