Pour la première fois de l’année, j’ai lu au jardin. Il était midi, je venais de prendre mon petit déjeuner, étais avec Miracles of life. Je l’ai poursuivi au soir, alors qu'Éléonore regardait la télé, et j'ai tourné la dernière page alors qu’elle éteignait ; et c’est bien la dernière page, on ne peut se tromper, puisque la couverture la suit directement. Les Anglais exagèrent. L’excès de pages n’est pas bon pour la planète, mais il est bon pour l’âme, et ce qui n’est pas bon pour l’âme, n’est pas bon pour la planète. Alors ? Ballard est mort et c’est évidemment cette pensée qui a accompagné ma lecture et j’ai trouvé indécent qu’à cette mort on n’ait pas accordé quelques pages vierges, ne serait-ce qu’une, pour éviter au lecteur de verser directement sur l’étalage promotionnel des autres parutions chez le même éditeur (à la manière des quelques secondes de silence après le générique d’un film à la télévision, indispensables et dont tout le monde se fiche). C’est drôle que j’aie cette disparition en tête, drôle de même que j’aie attendu avec une certaine impatience sa mention dans L'Immonde comme si elle allait me révéler quelque chose que je n’aurais pas su d’autant que j’étais en train de suivre le cours de sa vie, sa vie dont finalement j’ignorais peu de choses et ses livres dont je n’ignorais rien. Il y a une demie page agrémentée d’une photo dont je me serais bien passé, qui le prend en face de chez lui, il y a deux ans, il y est déjà décrépit. Pour la même raison obscure, j’ai conservé cette photo après avoir tout de même parcouru l’article qui, comme de fait, ne m’a rien appris et en outre m’a agacé parce qu’il est mal écrit, parce que de toute évidence l’autrice n’y entend pas grand-chose, elle remplit sa copie