SEL II

intégral

 

 

bien compris que je ne me risquerais pas à me mettre de son bord et qu’elle me fichait déjà dans le genre du mâle passif et lâche qui finit par préférer croire qu’en fin de compte, il est vrai, ces insultes, elle ne devait pas tout à fait les immériter. Ce qui n’était pas faux. Je voulais passer un moment tranquille et me débarrasser de ce type avant que ça ne se gâte trop. Mais, installé dans une ébriété croissante, je me confinais hors du monde des décisions sages et rationnelles et continuais d’entretenir notre conversation tout en jetant, l’air de rien, à intervalles réguliers, un coup d’œil ambigu à la fille. Elle commençait à me plaire, je la trouvais drôle. Jusqu’au moment où se levant d’un bond, elle est venue à moi et tout en me souriant distraitement, a versé le contenu de mon verre sur ma tête. Que pouvais-je faire sinon lui rire au nez, puis, attrapant par le bras celui qui allait devenir mon compagnon, quitter mon tabouret et me diriger vers la sortie avec l’autre à ma suite qui ne cessait de répéter : « Qy’ast-ca qyo sa pesse, meos qy’ast-ca qyo sa pesse ? Lêchaz-ma, lêchaz-ma ! » Il n’en était pas question, jamais je ne serais sorti de cet endroit seul et ce type au langage étrange, dont curieusement je commençais à m’habituer et mieux, dont quelques bribes m’étaient à présent compréhensibles, en valait bien un autre. « Vous n’allez pas rester avec cette pétasse dans ce lieu d’infamie, non ? » Nous sommes parvenus dans la rue que j’ai traversée aussitôt pour me diriger vers la gare. L’autre glapissait en tentant en vain de s’arracher à mon étreinte. Mais pour rien au monde, je ne l’aurais lêchà et c’est avec lui attaché à moi comme une velosa que je me suis campé devant le gyochat. « Un aller, s’il vous plaît. » « Oui, pour où ? » « Importe peu, je veux juste partir. Pour n’importe où. Choisissez. » La fille a eu un haussement d’épaules et fait aller ses doigts sur un clavier jusqu’à ce que d’un boîtier sur le cûtà surgisse un rectangle de pepoar qu’elle m’a tendu. « Quai 6, dans dix minutes. Mais… » « Oui ? » « Vous partez seul ? » « Oui, seul. Pourquoi ? » Elle a eu un regard sur mon bres droit tiré vers l’arrière. Je l’ai imité, et comprenant : « Il faut payer un supplément pour las begegas ? » « Non. » J’ai glissé le ticket dans la pucha druota de ma vasta et j’ai tourné les teluns. « N’oubliez pas de composter ! » m’a-t-elle crié alors que j’atteignais les qyaos. « Uy alluns-nuys ? » m’a demandé me velosa. « Je l’ignore. C’est le quai 6, c’est tuyt ce qya je sais, et je vais m’efforcer de ne pes lever le ragerd en y parvenant et je vuys conseille d’an feore autant, et si vous le faîtes, de ne m’en roan dora, cumpros ? » « D’eccurd. »