SEL II

intégral

 

 

deux on est ballottés dans tous les sens. « Non, c’est trop tôt, je ne veux pas mourir maintenant, j’ai encore des choses à faire, trop de choses ! » Je me suis éveillé en hurlant, trempé de sueur, avec Naomi près de moi qui dormait comme un loir et, repliée sur elle-même comme un fœtus, suçait son pouce. Il faisait encore nuit noire, j’ai allumé la lumière. Sur la table de nuit, Les histoires extraordinaires d’Edgar Poe, une bouteille de Bell à moitié vide, un verre, et dans la bouche cet arrière-goût un peu lourd et râpeux qui me reste quand je bois trop avant de m’endormir. La phrase qui m’avait fait sortir du rêve m’est revenue à l’esprit : « J’ai encore trop de choses à faire. » Oui, trop de choses, mais si je ne m’étais pas éveillé qu’est-ce que ça aurait changé ? Les mondes peuvent tourner sans moi, le mien disparaîtrait, et alors ? Je suis sûr que si je disparaissais, Naomi ne se rendrait compte de rien, elle s’éveillerait dans ses rêveries habituelles dans lesquelles j’ai si peu de place, et ce ne serait qu’au moment de me demander de l’argent qu’elle remarquerait mon absence. Je me suis tourné vers elle, j’ai écarté le drap et j’ai vu qu’elle avait encore dans son petit derrière le godemiché qu’elle avait voulu que je lui introduise pendant que je m’occupais de son sexe gourmand. Naomi craint les fuites nocturnes, c’est pourquoi elle suce son pouce, utilise des boules Quies, et ne s’endort qu’avec un objet dans le derrière, quand la main qu’elle ne suce pas loge au bas de son ventre pour en protéger l’entrée. Je l’ai recouverte avec le drap et me suis levé.