Guy à Francko

 

&stupides. En guise de réponse, comme si elle avait été prise d’une violente crise de colère, elle a brutalement replié ses jambes, maintenant elle me tenait et me serrait la tête derrière la nuque à l’aide de ses mollets, me plaquant la bouche sans que je puisse reculer, contre son petit fruit de plus en plus mûr et elle me caressait de ses doigts shampouineurs, très sensuellement et, en même temps, avec une force dont je ne l’imaginais pas capable. Ma bouche restait néanmoins fermée et inactive, et, alors que sa propre odeur avait pourtant effacé maintenant celle qui m’avait fait me retirer, j’avais comme encore peur de respirer. Bientôt nous fûmes immobiles mais toujours dans la même position. Mes mains avaient rejoint les siennes au-dessus de ma tête et tenté d’entremêler leurs doigts aux siens, mais elle n’avait pas bougé et je l’entendais pleurer en silence. Je me remémorais atterré de ce que je lui avais dit, me disant que cela ne me ressemblait pas. Pourtant je l’avais  bien dit et j’étais donc bien, quoi que j’en dise – sans doute pour rectifier cette image de moi que je devais détester – j’étais bien celui-là aussi dont je disais qu’il ne me ressemblait pas. Un salaud, et un con. Un moins que rien qui avait laissé s’échapper de lui un juge et une soutane, au moment le plus inopportun, et se trouvait maintenant devant un défi qu’il n’était pas sûr de pouvoir relever : Comment redresser la barre d’un navire qui sombre, et dont la figure de proue, Naomi, ma Naomi, pleure sa détresse sans se rendre compte qu’elle m’étouffe, sans que je puisse dire le moindre mot. J’ai pensé que si elle continuait à me serrer ainsi il arriverait un moment où je manquerais de souffle et perdrais connaissance. Incapable de me défaire avec grâce ou élégance de cette situation sans autre issue que la mort, je n’ai rien trouvé d’autre que de précéder l’inéluctable : j’ai feint de perdre connaissance, je me suis amolli et laissé tomber. Surprise et déséquilibrée par mon poids, comme mort, Naomi n’a pu se retenir à la barrière, elle a chuté dans un cri et s’est affalée sur moi. &Quelques minutes se sont passées ainsi dans une parfaite inertie commune lorsqu’un homme est arrivé, puis un deuxième, puis une femme et d’autres personnes qui nous ont entourés. C’est au moment où une main s’est portée vers nous que tout à coup elle s’est redressée et leur a crié : « Ce n’est pas vrai, ne le croyez pas, ça ne s’est pas passé comme ça ! Ce n’était pas moi ! Jamais je n’aurais pu faire une chose pareille ! Ou alors, il aurait fallu que je ne sois pas dans mon état normal, il aurait fallu qu’il me fasse prendre des trucs avant et je n’ai rien avalé, je peux le jurer ! Et ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit ! Je vois où vous allez en venir, je vois qu’encore une fois je vais passer pour ce que je ne suis pas, je vais payer pour ce que je n’ai pas fait, payer pour l’autre qui se garde bien de se montrer à présent que je suis dans l’embarras ! Et d’abord, cette culotte n’était pas à moi, jamais je n’aurais mis une horreur pareille et je ne sais pas pourquoi il a raconté ça ! Et de quelle détresse parle-t-il ? Il a raison, c’est un con et un salaud, et il aurait pu ajouter menteur et pisse-mou, et lâche, par-dessus le marché, mais être dans la détresse, ça jamais, il en est bien incapable, il ne sait même pas ce que c’est ! Ce serait plutôt à moi de le dire, parce que si j’étais dans la péniche, ce n’était pas du tout pour ce qu’il dit, et cet homme-là, je ne le connaissais pas la minute précédente, ou alors j’ai perdu la raison ! Dîtes-moi que j’ai perdu la raison ! Vous ne le direz pas parce que vous n’oserez pas le dire, parce que c’est forcément lui, l’homme, qui est dans le vrai ! Il parle, vous le croyez d’emblée et moi qui ne passais que pour demander mon chemin, je serais responsable de tout ce qui lui est arrivé ! Ah non, c’est trop fort ! » Elle était debout à présent. ;