Guy à Francko
%puis en grandissant, il s’est montré bientôt capable d’exécuter des arias compliquées transcrites du baroque. Mon mari s’absentait très fréquemment pour diverses raisons que je ne vais pas étaler ici, on n’en aurait pas fini. Nous faisions alors souvent, Oto et moi, ce que j’appelais « nos après-midi ». Je laissais échapper un petit rire, une espèce de gloussement vite déguisé en toussotement, car avant qu’elle n’en parle j’avais déjà imaginé les après-midi avec Oto, les vocalises qu’il devait lui tirer tout en la troussant hardiment. Je bandais de plus en plus et commençait à transpirer fort. « J’invitais quelques amies et j’accompagnais Oto au violoncelle ou au piano, ou encore nous faisions des duos, parfois même a capella. » Un coup d’œil rapide alentour me fit comprendre que soudain nous étions seuls dans le compartiment. Une irrésistible envie de la toucher me faisait trembler. « Dites-moi, faisiez-vous également ce genre de chose avec votre animal avant que ce rustre ne l’emmène avec lui ? » Elle a hoqueté. « Ce genre de choses dites-vous, quelle genre de chose ? » « mais, chanter pardi, votre animal ne chantait-il pas ? » Je soufflais au point que je pensais défaillir, je ne pouvais plus tenir. « Hhm, si, très bien même, c’est un maître en la matière mais ce n’est pas l’animal auquel vous pensez. Voulez-vous le voir chanter, vous êtes si curieuse me disiez-vous ? » « J’aime tant les maîtres chanteurs, ce serait un grand plaisir ». D’un seul geste je dégrafais mon pantalon pour exhiber devant elle une splendide érection. Un cri de surprise lui échappa. « Oh quel joli minois, laissez-moi l’embrasser ». Elle approcha ses lèvres pulpeuses tout en me jetant un dernier coup d’œil plein de malice, mais juste au moment de poser ses lèvres sur mon gland elle ouvrit la bouche qu’elle referma d’un coup sec. J’hurlais de douleur, elle venait de m’arracher le gland cette folle, le sang pissait de partout et elle riait, mon sang au coin des lèvres elle mastiquait ma chair. À ce moment-là j’ai entendu la voix du contrôleur, il s’approchait du compartiment. J’ai regrafé mon pantalon tâché de sang, je % tremblais d’horreur. « Ponmour ici. Jadaje, Jontybe. Jondiau ! qu’ast-ca qui ça pessa ? Qua ? Qua ? » Il m’a regardé, puis a regardé la fille qui mâchait, puis est revenu à moi avec une drôle de moue qui m’a semblé plus proche de la curiosité que du dégoût. « Qué préto té nité ma miya bullat pier ? » Je n’ai pas compris un traître mot de ce qu’il m’a dit, mais que pouvait-il demander d’autre que mon billet ? Je lui ai adressé un sourire, ai plongé la main dans la poche droite de mon pantalon sur lequel la tache ne faisait que s’agrandir. Il n’y était pas. Mes doigts se sont immobilisés, puis crispés sur ma cuisse. J’aurais pourtant pu jurer qu’il y était. J’ai sorti ma main ensanglantée tandis que celle blanche de ma voisine passait devant mon nez pour lui présenter le sien. Le contrôleur l’a composté, le lui a rendu et de nouveau s’est tourné vers moi qui, à ce moment-là, n’ai eu d’autre ressource que de me lever pour agripper ma veste. De la même manière que je pensais avoir glissé mon billet dans la main droite de mon pantalon, je pensais avoir bouclé ma ceinture. Elle ne l’était pas. Il est tombé à mes pieds, emportant avec lui le regard du contrôleur et celui de ma voisine qui (et je n’ai jamais su s’il y avait un rapport ou non), a alors ouvert la bouche pour en laisser choir le contenu sur le sol. Machinalement, le regard du contrôleur s’y est posé, puis est allé en direction de mon entrejambes dissimulé par les pans de ma chemise. On n’en voyait rien, sauf le sang qui continuait à en couler. Mais il n’était pas nécessaire d’en voir quoi que ce soit pour comprendre ce qui s’était passé et ce qui était en train de se passer. Il m’a alors dévisagé avec quelque chose dans l’expression qui tenait tout autant de la crainte que du respect (« awe » dirait tout simplement l’Anglais) et est retourné dans le couloir dont il a refermé la porte sans cesser de me fixer. C’est à ce moment-là que je me suis évanoui. ;