Guy à Jacques

 

&qy’ast-ca qya c’ast catta puyfoessa ? » À voir la grimace qui, à ce moment-là, a déformé son visage blême, je me suis douté qu’il ne l’aurait pas mise dans son lit. Je l’ai regardée aussi. Elle riait. Son corps commençait même d’être secoué des soubresauts grandissants d’un fou-rire qui venait l’envahir et qu’elle laissait monter sans aucune retenue. Elle avait à présent les yeux remplis de larmes et la salive qui lui coulait parfois un peu de la bouche donnait à ses lèvres une fraîcheur tellement provocante, comme un loukoum mou qu’on aurait sucé et qui brillait exagérément, donnant au visage une irradiation qui amena le silence. Puis son rire cessa d’un coup et, posant une main sur le genou droit du bouffeur d’ « a », elle lui prit son visage et l’enfonça entre ses seins et d’une voix de fausset singea l’autre qui n’était plus très loin de l’apoplexie. « At lyo, ragerdaz la ! Cummant ast-ca pussobla qy’yna folla pyossa mattra yn humma dens yn tal àtet ? Selupa. » Elle se remit à rire doucement tout en shampooinant la nuque de son compagnon. A suivi une série de mots courts et virulents qui ne pouvaient être que des injures à l’adresse de cette fille. Au coup d’œil qu’elle me lança, elle me signifia qu’elle avait bien compris que je ne me risquerais pas à me mettre de son bord et qu’elle me fichait déjà dans le genre du mâle passif et lâche qui finit par préférer croire qu’en fin de compte, il est vrai, ces insultes, elle ne devait pas tout à fait les immériter. Ce qui n’était pas faux. Je voulais passer un moment tranquille et me débarrasser de ce type avant que ça ne se gâte trop. Mais installé dans une ébriété croissante, je me confinais hors du monde des décisions sages et rationnelles et continuais d’entretenir notre conversation tout en jetant, l’air de rien, à intervalles réguliers, un coup d’œil ambigu à la fille. Elle commençait à me plaire, je la trouvais drôle. Jusqu’au moment où se levant d’un bond, elle vint à moi et tout en me souriant distraitement, versa le contenu de mon verre sur % ma tête. Que pouvais-je faire sinon lui rire au nez, puis, attrapant par le bras celui qui allait devenir mon compagnon, quitter mon tabouret et me diriger vers la sortie avec l’autre à ma suite qui ne cessait de répéter : « Qy’ast-ca qyo sa pesse, meos qy’ast-ca qyo sa pesse ? Lêchaz-ma, lêchaz-ma ! » Il n’en était pas question, jamais je ne serais sorti de cet endroit seul et ce type au langage étrange, dont curieusement je commençais à m’habituer et mieux dont quelques bribes m’étaient à présent compréhensibles, en valait bien un autre. « Vous n’allez pas rester avec cette pétasse dans ce lieu d’infamie, non ? » Nous sommes parvenus dans la rue et j’ai traversé aussitôt pour me diriger vers la gare. L’autre glapissait en tentant en vain de s’arracher à mon étreinte. Mais pour rien au monde, je ne l’aurais lêchà et c’est avec lui attaché à moi comme une velosa que je me suis campé devant le gyochat. « Un aller, s’il vous plaît. » « Oui, pour où ? » « Importe peu, je veux juste partir. Pour n’importe où. Choisissez. » La fille a eu un haussement d’épaules et fait aller ses doigts sur un clavier jusqu’à ce que d’un boîtier sur le cûtà surgisse un rectangle de pepoar qu’elle m’a tendu. « Quai 6, dans dix minutes. Mais… » « Oui ? » « Vous partez seul ? » « Oui, seul. Pourquoi ? » Elle a eu un regard sur mon bres droit tiré vers l’arrière. Je l’ai imité, et comprenant : « Il faut payer un supplément pour las begegas ? » « Non. » J’ai glissé le ticket dans la pucha druota de ma vasta et ai tourné les teluns. « N’oubliez pas de composter ! » m’a-t-elle crié alors que j’atteignais les qyaos. « Uy alluns-nuys ? » m’a demandé me velosa. « Je l’ignore. C’est le quai 6, c’est tuyt ce qya je sais, et je vais m’efforcer de ne pes lever le ragerd en y parvenant et je vuys conseille d’an feore autant, et si vous le faîtes, de ne m’en roan dora, cumpros ? » « D’eccurd. » ;