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2000

 

*

 

3 juillet

 

Éléonore m’a demandé des nouvelles de ma « conférence » (il faudra tout de même que je lui trouve un autre nom). Où en étais-je ? avais-je avancé ? Que lui dire sinon que j’avais vraiment envie de ne rien faire du tout ? Il y a l’affaire de la subvention, mais aussi la perspective des démarches : souscription, appel aux abonnés, etc. Hier, j’avais la main sur le téléphone, prêt à décrocher pour appeler Christophe*. Je ne l’ai pas fait. J’hésite aussi à appeler Valérie**…

 

* je ne vois toujours pas…

** dans quel but ? (notes du 19 octobre 2021)

 

 

6 juillet

 

J’ai appelé Valérie, suis tombé sur un message de Telecom qui m’a renvoyé à un autre numéro. Elle a décroché : elle était dans le jardin de sa nouvelle demeure, une maison à Hellemmes (combien de fois a-t-elle déménagé en quatre ans ?). C’est désormais sa mère qui occupe le rez-de-chaussée du 10 de la rue Manuel... Je l’ai mise au courant du projet ; malheureusement, elle ne sera certainement pas libre le 31 décembre, son ami préparerait « quelque chose pour le passage au troisième millénaire, je vais lui en parler ». Quoi qu’il en soit, nous sommes invités lundi soir chez eux*. En raccrochant, j’ai pensé qu’il en serait sans doute de même pour nombre de personnes, dont les musiciens, et je me suis demandé s’il ne serait pas possible de changer la date ; je ne conserverais le 31 décembre que pour la présentation du spécimen du livre...

Je reviens de chez Marian. Exceptionnellement, le cours s’est fait à midi, c’est le dernier de l’année scolaire. Nous avons achevé la Quatrième gnossienne. Il était en pleine forme. Nous étions en extase sur le passage des dièses et sa chute sur le doublé la-si qui lui a tiré des soupirs. À moi aussi. « C’est beau ! C’est mon passage préféré ! » « À moi aussi », lui ai-je dit alors qu’il le refaisait pour la cinquième fois. « Marian vient de connaître sa première jouissance musicale », ai-je dit à Antek dans la cuisine alors qu’il achevait de préparer son plat de  morue à la portugaise. « C’est de la morue portugaise. Tu veux goûter ? » « Je ne mange jamais le midi. » J’en ai pris un morceau, puis un second. Nous nous sommes retrouvés à cinq sur la terrasse : morue, chips, tomate et glace pour clore. « Tu prends de la morue portugaise – rue de l’Alma, c’est la meilleure –, tu la dessales. Puis tu prépares ton plat avec de l’huile d’olive, du citron, des oignons coupés très fins. Tu plonges ta morue dedans et tu laisses macérer deux heures. C’est les pirates qui mangeaient ça... »

 

* cela ne s’est pas fait, je ne sais plus pourquoi ; du reste, je n’ai pas le moindre souvenir de cette invitation (note du 21 octobre 2021)

 

 

9 juillet

 

Je n’ai toujours pas eu de réponse du Journal Officiel. Sans cela, pas de compte bancaire et, sans compte, pas de dossier DRAC. Encore qu’à ce moment précis, je m’en fiche bien : quelle importance ce dossier a-t-il, quelle importance la conférence a-t-elle ? N’est-ce pas du jeu, de l’accessoire ? Du reste, je le sens bien, puisque je ne fais rien, n’avance pas, y mets à peine le nez…

 

 

19 juillet

 

Marian m’a offert une interprétation somptueuse de la Première Gnossienne. Il avait travaillé, ça se sentait. Mais davantage que travailler, il avait réfléchi. Il sentait. De même pour la Quatrième qu’il commence à saisir – et c’est bien cela seul qui importe : saisir ; le reste vient naturellement après. Je suis très content de lui. J’espère que les vacances ne vont pas tout briser...

 

 

25 juillet

 

Je remets le nez dans le texte de la conférence, reprends confiance... Je peux considérer la présentation comme achevée ; quant à la succession des pièces, je n’ai toujours aucune idée. En ce qui concerne les instruments, je vais en rester, et sous réserves de l’avis de Christophe* – je ne l’ai d’ailleurs toujours pas contacté –, à la composition suivante : clarinette, alto/violon, trombone, piano, voix homme et femme. Tant pis pour la contrebasse et Valérie. Le piano, en toute logique puisque la grande majorité des pièces/partitions du Journal musical sont pour piano, formera la base sur laquelle viendront se greffer de temps à autre les autres participants. Je conserve l’idée d’une pièce finale pour tous les musiciens...

 

* c’est agaçant, à la fin ; je n’en trouve nulle autre trace dans mon journal, et le seul Christophe que je connaisse n’est pas musicien (note du 22 octobre 2021)

 

 

2 août

 

Le temps est toujours aussi estival, tant mieux ; je me sens toujours aussi passif et indolent, tant mieux ; je n’ai pas mis le nez dans le site depuis une semaine, tant mieux ; je n’ai pas accordé un seul regard à la conférence, tant pis… J’en ai parlé à Cyril et à Marc, ils sont partants. Cyril m’a parlé d’un ami pianiste avec qui il travaille et qui serait intéressé. Vais-je avoir besoin de Valérie et de Christophe* ?

La répétition des Belles endormies a été joyeuse, riche, stimulante. Elle s’est achevée par le champagne que Christine avait apporté pour célébrer notre rencontre. Je retrouve un peu de confiance dans mon instrument, mais ce n’est pas encore ça. Il va me falloir encore du temps pour me réadapter et au jeu en groupe et à ce type de répertoire, et donc de technique. En vérité, je m’aperçois que mes carences, mes maladresses, mes hésitations sont dues au fait que je n’utilise qu’une technique personnelle qui va à l’encontre d’un jeu traditionnel, c’est-à-dire à l’opposé des règles de la mélodie et de l’harmonie. J’ai pensé au départ qu’il aurait été possible d’adapter mon jeu et mes « préoccupations » en matière de musique (sensibilité, affinités, idées) à ce type de répertoire résolument classique. Ça ne marche pas. Il faut donc que je m’adapte, c’est-à-dire que je reprenne de zéro. C’est frustrant, inquiétant, déroutant – mais enrichissant... Quoi qu’il en soit, certaines chansons commencent à se mettre en place et en forme, et je suis assez satisfait du résultat...

 

* cet énigmatique Christophe serait donc pianiste (note du 19 octobre 2021)

 

 

18 août

 

Évrard était à la maison. Je lui ai exposé les grands traits de la conférence. Éléonore et lui ont été très étonnés de mon choix qui vise à donner une idée de l’ensemble plutôt que de privilégier un fragment donné ; ils s’étonnent aussi que j’abandonne les dialogues. Tous deux préconisent une lecture qui mette en scène plusieurs lecteurs : moi pour la partie narratrice, des « comédiens amateurs » [sic Évrard] pour les parties dialoguées. « Mais ça sera du théâtre, pas une lecture. » « Non. Il ne s’agit pas de jouer, mais de lire, c’est-à-dire de faire une lecture à l’image de celles préliminaires aux pièces de théâtre. » Je n’étais déjà pas très convaincu par mon idée ; cette nouvelle donnée, qui va à l’opposé, me plonge dans la confusion la plus totale. Mais j’y pense depuis le réveil et je suis arrivé à une formule minimale qui irait dans ce nouveau sens : prendre le mois de janvier comme base, lire les textes à la suite en laissant à Thierry et à Christine le soin des dialogues (je pense qu’ils peuvent très bien se débrouiller). Pour la musique, et en bouleversant la chronologie des pièces musicales, n’utiliser que l’alto/violon (Cyril) et le piano (l’ami de Cyril que je ne connais toujours pas) ; ils pourraient, éventuellement, participer aussi à la lecture (mais pas forcément : je peux tabler sur des pièces très courtes en en augmentant le nombre, quitte à faire des transpositions et des réductions). À voir...

 

 

25 août

 

Hier, pour je ne sais plus quelle raison, j’ai été amené à consulter un ancien cahier. J’en ai profité pour lire quelques pages au hasard. J’ai souri, me suis étonné. Étonné du contenu où se mêlent étrangement la naïveté et la raison. En définitive, tout cela était tout de même très raisonnable, posé, pondéré. Et très naïf (ce cahier correspond à l’arrivée de Valérie dans ma vie). Je me suis dit que c’était là que l’écriture manuscrite prenait toute son importance : il y a le cahier, la page, l’encre, l’odeur, le tracé, le graphisme de l’écriture. Tout cela confère un poids, une dimension, une qualité, une vie à l’écrit qui auraient été totalement absents sur un écran (comment imaginer une seconde avoir écrit le journal de V. sur un clavier, qu’il soit d’ordinateur ou de machine à écrire ; écrire sans le toucher, le sens, le tactile ?). Deux écritures, deux encres pour deux périodes différentes. Le manuscrit révèle ces deux états différents. Pas l’écran. Ni l’imprimé, du reste. J’ai été heureux de posséder ces cahiers, heureux de poursuivre cette tâche manuscrite sans avoir cédé, comme parfois j’en ai envie, à la tentation de la saisie directe sur écran. Et je pense à l’instant à Léo qui, à ma stupéfaction, rédige son journal directement sur écran « parce que c’est plus facile ». Ce manque de rigueur, d’attention, ce manque à la sensualité, à la sensorialité auxquelles il se dit pourtant si attaché, m’étonnent beaucoup de sa part...

 

 

6 septembre

 

Conférence : j’ai décidé de ne rien décider avant la première répétition avec Thierry la semaine prochaine...

 

15 septembre

 

Reprise des cours à Marian, reprise du rituel d’après-cours, à cette différence près que ça a été un verre de vin rouge, manière de célébrer l’achat de leur nouvelle maison. Ils emménagent en janvier... Marian m’a fait la faveur d’une interprétation très personnelle de la Première gnossienne, alternance de forte et de piano, d’accélérations et de ralentis. C’était très réussi. Marian est formidable...

 

 

16 septembre

 

J’ai préparé les cassettes des pièces que j’ai retenues pour la conférence, à remettre à Cyril, Christine et le toujours mystérieux pianiste…

 

 

21 septembre

 

La répétition a eu lieu chez Marc et Christelle ; ils ont déménagé, habitent désormais une maison à Hellemmes. C’était la première fois que je m’y rendais. En m’approchant, j’ai reconnu Marc sur le trottoir en compagnie de deux hommes et d’une femme qui tenait une poussette. L’un des hommes était l’ami de Valérie, la femme, Valérie elle-même. Ils habitent à deux pas de chez Marc et eux-mêmes venaient de découvrir qu’ils étaient voisins. J’ai été très content de revoir Valérie. Je lui ai reparlé du projet de lecture en sachant qu’elle n’était pas disponible. Au fond de moi, j’espère que quelque chose se fasse pour qu’elle le soit. J’aimerais beaucoup qu’elle y participe, je le lui ai dit...

Après la répétition, j’ai raccompagné Thierry. Nous avons parlé de la « conférence » (« lecture » serait beaucoup plus juste), de la lecture donc…

 

 

22 septembre

 

Cours à Marian. Nous nous sommes fixé un objectif : pour Noël, préparer parfaitement quatre pièces que j’enregistrerais...

 

 

28 septembre

 

J’ai remis à Cyril, Thierry et Christine textes et partitions pour la lecture. Réunion mercredi 11 octobre. Je dois encore appeler Denis, l’ami de Cyril (je sais enfin son prénom) pour les pièces pour piano. S’il n’est pas disponible, il faudra trouver un autre pianiste (ou alors assurer les pièces moi-même)...

 

 

29 septembre

 

Cyril m’a appris que Denis ne pourrait pas être présent le 31. Alors, pourquoi ne tiendrais-je pas aussi le piano ?

 

 

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