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1996

 

*

 

8 août

 

 

C’est l’été. Tout le monde s’en est allé. Pas de nouvelles de qui que ce soit. Je suis là, je garde la ville. Rien ne bouge, j’attends la rentrée. En attendant, je travaille aux prochaines livraisons de La Collection * : le VI et le VI bis, Journals (dossier) et Journals (notes et relevés). À paraître en septembre...

 

* lancée en début d’année et qui allait prendre le nom de Le Lys quelque temps plus tard suite à ma rencontre avec Éléonore (note du 10 septembre 2021)

 

 

11 août

 

Coup de fil de Thierry, nous avons reparlé de Jean-Marie, suite de notre discussion au cours de notre troisième répétition des lieder, Wolf, Fauré (lui au chant, moi au piano, idée que j’avais lancée en juin et qui l’avait emballé). Nous avons aussi reparlé des pièces vocales. Il faut que ça avance, mais comment trouver des chanteurs disponibles et disposés, et, si possible, compétents ? Thierry a proposé que nous assurions à deux les quatuors sur bande magnétique, et par la même occasion Philippe et Jacques et Henri-Joël. Je suis d’accord (mais un peu réticent quant au « doublage » des voix), mais comment en parler à Jean-Marie ?...

 

 

13 août

 

J’étais à la recherche d’un détail au sujet de la Rue V.  qui devait figurer dans le journal du début de l’année 95. J’ai commencé à le survoler, puis à le lire : V., l’inconnue*, puis Valérie. Je lis et ai l’impression de découvrir, et je reste assez stupéfait face à ce que j’ai pu écrire à cette époque au sujet de Valérie, mais aussi de V. qu’à un moment donné je qualifie « d’accessoire ». Je lis et c’est comme si ce n’était pas moi qui avais écrit. Je lis comme s’il s’agissait d’un livre, et à plusieurs reprises, je me suis surpris à sourire, à sourire à ces moments de coïncidence entre l’impression de lire un livre que je n’aurais pas écrit et la brusque prise de conscience que c’est un journal dont je suis l’auteur. C’était très troublant…

 

* une tocade avant que je ne rencontre Valérie (note du 7 septembre 2021)

 

 

14 août

 

Nouvelle répétition avec Thierry : le lied de Wolf (ça commence à prendre forme, c’est envoûtant), mais aussi Philippe et Jacques. Je ne suis pas très confiant, mais Gélase nous a entendus et parle d’un bel accord de notre timbre et, contrairement à ce que je pense, me trouve à la hauteur...

 

 

22 août

 

La rentrée approche et avec elle, la reprise des contacts et, si possible, des enregistrements ; mais aussi de La Collection* avec la sortie du dossier Journals... Je n’ai guère de goût, suis dans la confusion la plus totale au sujet du projet en général. Il reste quarante pièces à enregistrer, je n’ai pas tous les musiciens, Marie-Noëlle part début septembre (je dois donc trouver une nouvelle violoncelliste), je suis démoralisé. En outre, ma situation financière est préoccupante, il va falloir que je trouve des élèves pour le piano. Tout cela m’abat...

 

* qui, deux ans plus tard, après ma rencontre avec Éléonore, allait devenir Le Lys (je l’ai peut-être déjà dit, non ?) (note du 6 septembre 2021)

 

 

23 août

 

Marie-Noëlle n’a pas touché à son instrument depuis des semaines. Elle part en* Bretagne le weekend prochain, m’assure tout de même de sa collaboration durant les vacances scolaires puisqu’elle rentrera à cette occasion. J’espère que ça se fera, je n’ai guère envie de rechercher une autre violoncelliste, d’autant que j’aimerais que ça soit elle qui interprète les pièces...

Je n’ai aucune nouvelle de Valérie...

 

* pour la Bretagne (note du 6 septembre 2021)

 

 

29 août

 

Olivier est passé et m’a dit : « Valérie a passé un mauvais mois de juillet. Elle ne t’a pas appelé ? » « Ah bon ? » « Histoire de cœur. Elle va sûrement t’en parler. » « Je ne vois pas pourquoi elle m’en parlerait. » « Oui, c’est vrai. »… Il est vrai aussi qu’il y a longtemps qu’elle n’a pas donné signe de vie…

 

 

30 août

 

J’ai regardé Fugueuses de Nadine Trintignant, avec Irène, et donc pour Irène. Je me suis arrêté au tiers : c’est affligeant et elle y est très ordinaire. J’ai été déçu ; mais pas vraiment surpris dans la mesure où j’avais déjà noté, avec le changement physique et expressif de son visage, la baisse du charme et de l’aura que je lui avais remarqués il y a deux ans, charme et aura suffisamment troublants pour que je pense à elle dans le rôle de l’aimée pour Journals. À lui voir tant de banalité aujourd’hui – dans un rôle qui, par ailleurs, ne lui sied pas et qu’elle défend très mal, ceci explique peut-être cela – me fait me demander si elle serait l’interprète idéale pour accompagner l’auteur, pour incarner V...

 

 

31 août

 

Je tente de continuer à regarder ce film inutile qu’est Fugueuses. C’est irritant, agaçant. Irène Jacob y est décidément très mauvaise ; elle n’y a pas le moindre attrait, est quelconque. Il me semble désormais hors de question qu’elle soit l’incarnation de V...

(Ou alors la rencontrer pour décider…)

 

 

8 septembre

 

Pas de nouvelles de Valérie. Son silence m’inquiète, m’intrigue. J’ai raconté à Mylène cette « histoire de cœur », elle m’a dit : « C’est peut-être toi… » J’y avais pensé (ben voyons), mais je lui ai dit : « Certainement pas… » Pas de nouvelles de Sue* non plus. Que font-elles donc ?…

 

* je l’avais rencontrée quelque temps auparavant – je donnais des cours de piano à son fils (note du 7 septembre 2021)

 

 

11 septembre

 

Le mois de septembre est déjà bien entamé. Je n’ai toujours pas repris les enregistrements, c’est-à-dire les contacts. J’attends. Je ne sais quoi...

Énième répétition de chant avec Thierry, pas de nouvelles de Jean-Marie. J’attends qu’il se manifeste. « J’ai l’impression qu’il va laisser tomber », dit Thierry... Nous travaillons toujours Philippe et Jacques. Ça s’améliore, prend forme ; reste à trouver au moins un chanteur pour les quatuors, si tant est que Jean-Marie soit encore avec nous d’ici là...

 

 

26 septembre

 

J’hésite quant au choix du journal : lequel doit-il porter mention de l’achèvement de la confection de la dernière livraison de La Collection ? Notes ou Projet ? Il est plus logique que ce soit celui-ci puisque le numéro VI, avec son annexe, VI bis et la cassette, ne concerne que Journals...

Voilà, mention est faite : l’ensemble est achevé, et je suis très satisfait. Je pense que c’est beau et conséquent. Graham me l’a confirmé au téléphone cette nuit. J’avais remis à Line, après son cours, leurs exemplaires, il les a lus à son retour et m’a aussitôt appelé pour me féliciter. Panégyrique, éloges inattendus. Il dit qu’il est impressionné. J’avoue que je suis assez étonné que cet ensemble ait pu produire un tel effet (en même temps, je suis parfaitement conscient de ce que ça représente, de ce qu’est cette entreprise et tout ce qui en découle). Je ne doute évidemment pas de ses propos et sais que ce qu’il dit a du poids ; c’en est d’autant plus touchant et important (et grisant, bien sûr). Il me dit : « Ne cesse surtout pas d’écrire ! » Comment cesserais-je d’écrire avec ce que j’ai dans la tête, et avec V. au bout qui en est la dédicataire et la propriétaire ?...

(Silence total de la part de Valérie. Étrange, très étrange…)

 

 

27 septembre

 

Olivier m’a appris que les « affaires de cœur » de Valérie étaient liées à Pacôme. Je me suis étonné. « C’est son grand amour », m’a-t-il dit, étonné que je ne le sache pas ou ne m’en sois pas rendu compte… Ça m’a soulagé. Avec tout de même un petit pincement…)

 

 

28 septembre

 

J’étais à mon second bureau, donc dos tourné à la rue. On a frappé au carreau : Jean-Marie. Il était passé prendre des nouvelles, je lui ai résumé la situation, lui ai raconté la dernière répétition. Je pensais qu’il allait un peu se formaliser qu’on lui retire sa place dans Philippe et Jacques ; il n’en a rien été, il semblait même soulagé. Il m’a aussi cédé de bon cœur sa partie dans Henri-Joël. Il lui reste donc les deux quatuors. Nous commençons à quatre jeudi prochain...

Je suis entièrement pris par les livrets. Tous les musiciens recevront l’ensemble. J’attends de l’envoyer pour remettre les choses en route...

 

 

1er octobre

 

J’ai appelé Valérie que je n’ai pas vue depuis le début de l’été. Ça n’a pas répondu...

Je ne suis toujours pas décidé à relancer « l’entreprise ». L’avenir de La Collection me tracasse beaucoup…

 

 

3 octobre

 

Répétition de chant : Jean-Marie, Jacques, Thierry et Gélase. Gélase n’est pas chanteur, est loin de convenir ; je ne comprends pas pourquoi Thierry a pensé à lui. Je vais lui en parler... Nous avons répété Fête-Dieu. Ça s’annonce tout de même pas mal...

Wilfried a écouté la cassette de La Collection chez Aubert. Il pense que ma musique conviendrait parfaitement à ce que recherche son ami éditeur belge. Mais cette nouvelle, qui, en d’autres temps, m’aurait fait plaisir, me laisse indifférent. Je n’ai de goût à rien. L’absence de V. m’obsède et me coupe toute envie de quoi que ce soit. Pourtant, il va bien falloir continuer...

 

 

9 octobre

 

Seconde* répétition de chant en quatuor : Thierry, Jean-Marie, Jacques et, nouveau venu à la place de Gélase, Marek. Ou Marc-Michel, tel qu’il se fait appeler, ou du moins tel que cela apparaît sur la couverture de la plaquette qu’il m’a envoyée il y a une quinzaine de jours (il ne me semble pas que j’en aie parlé)**. C’est un ami de Jacques, il m’en avait déjà touché deux mots. En plus d’écrire, Marek chante, du moins a chanté dans une chorale en qualité de basse. En fait de basse, c’est plutôt un baryton bas (j’ai dû transposer Fête-Dieu d’un ton et Notre-Dame du Carmel de deux). Il se plaignait d’un mal de gorge, d’où une certaine hésitation dans la justesse et la puissance, mais je pense qu’il peut convenir. Le quatuor est donc complet. La répétition a duré près de trois heures. Fête-Dieu, tout d’abord, puis quelques bribes de Notre-Dame du Carmel. Bonne humeur, bonne volonté, je suis enchanté. Je me suis enfin mis, bien forcé puisque dans le cas de chanteurs c’est indispensable, à la direction, avec un peu de timidité au départ, puis j’ai gagné en assurance. Ça devrait s’améliorer au fil du temps, Thierry m’aidera certainement en ce sens. J’espère que les répétitions seront régulières et de même qualité. Prochaine, après-demain...

Valérie est venue, l’été l’a embellie, nous avons passé la soirée ensemble...

Je ne me suis toujours pas décidé à recontacter les musiciens. Je repousse également mon appel à l’ami de Wilfried. Je suis dans le doute et l’attente…

 

* deuxième

** j’en ai parlé, mais dans le Journal de notes (notes du 6 septembre 2021)

 

 

10 octobre

 

Hier, pendant la visite de Valérie, Wilfried et Aubert sont passés. Ils allaient au Coconut et il a été convenu que je les rejoigne. Valérie est partie tard et je ne suis pas sorti. Aujourd’hui, à table, Fanny nous a raconté qu’Aubert avait « flashé » sur Valérie et, en ne me voyant pas arriver, avait fait une « crise de jalousie ». Du coup, son prénom est revenu plusieurs fois durant la soirée, avec des sourires entendus à mon égard. À la récapitulation finale des noms*, le sien a été prononcé. Denise a souri. Je lui ai répondu avec le même sourire : « Oui, bien sûr. » Elle m’a ensuite demandé si hier je lui avais fait un gâteau au chocolat. J’ai dit : « Oui, bien sûr… »

Répétition avec Thierry, Philippe et Jacques et les lieder pour la fête Chocolat.** Demain, le quatuor...

 

* il s’agissait des invitations à l’exposition de Denise et des personnes à qui je désirais les envoyer ou non (note du 7 septembre 2021)

** je n’ai pas le souvenir de cette « fête » et n’en ai trouvé aucune trace, exactement comme si elle n’avait jamais existé ; mais peut-être n’a-t-elle jamais existé (note du 31 août 2021)

 

 

11 octobre

 

Deux heures de répétition avec le quatuor, tout d’abord Fête-Dieu qui commence à se mettre en place, puis les six premières mesures de N.D. du Carmel. Difficultés rythmiques, mais surtout d’accord, notamment pour Jean-Marie qui a la mauvaise part : sa voix est à la septième de celle de Thierry, à la neuvième de celle de Jacques, c’est-à-dire si entre la et do dièse. J’ai moi-même expérimenté cette voix la semaine dernière, c’est coton : irrésistiblement, la voix glisse vers l’une ou l’autre de celles des ténors. Cette pièce demandera beaucoup de travail, de temps, de patience, mais c’est très réussi, et alléchant... Marek se débrouille bien, c’est encourageant... Je ne fais plus que diriger et gagne en assurance... Nous nous voyons lundi soir...

J’ai l’idée de constituer et d’éditer un bulletin mensuel de Journals qui comporterait des extraits du Journal du projet, du synopsis, du  déroulement*. Mais, bien sûr, frais supplémentaires, et aucune réponse à ma proposition d’abonnement. Je suis particulièrement bien entouré...

 

* une bizarrerie dans le texte saisi m’a fait me rapprocher du manuscrit. Le cahier 24, dit « du projet », s’arrête au 9 octobre 1996 : je ne trouve nulle trace du reste, ni dans le cahier 22 du Journal de Notes qui s’arrête au 17 octobre, ni dans le cahier XVI du Journal à V. qui s’arrête au 19. Où se trouve la suite ? (note du 6 septembre 2021)

 

 

19 octobre

 

Tibère, le nouveau venu au cours de latin/grec, est musicien. Il a joué de la flûte, son père est également musicien (et transcripteur de partitions ; on n’y pense pas, mais c’est vrai qu’il faut bien quelqu’un qui s’en charge). Je lui avais parlé de Journals, lui avais prêté un exemplaire. Ça semblait l’intéresser, pas en tant que musicien, puisqu’il ne joue plus, ou peu, mais simplement en tant qu’homme, dirais-je (il aime beaucoup Schnittke, c’est plutôt positif). Il m’avait parlé de l’un de ses amis, clarinettiste, à l’en croire extraordinaire. Je lui avais dit que j’avais déjà ce qu’il fallait, mais, à la réflexion, pourquoi pas. Je ne pense pas que Marcelle se formaliserait que j’introduise un autre clarinettiste dans le journal, ça ne serait en rien un remplacement. Il reste quelques pièces d’ensemble pour clarinette, il pourrait être assez intéressant d’y faire participer un autre instrumentiste. Tibère lui en a touché deux mots, je l’ai rencontré. Ça a été rapide, il m’a laissé son numéro. Il se nomme Christophe Szczepanski. Que demander de mieux ?

C’est décidé, je vais créer un bulletin Journals...

 

 

20 octobre

 

Coup de fil fébrile de Valérie dont je n’ai pas bien saisi le sens. Elle me dit qu’elle n’a pas arrêté d’appeler, que je ne suis jamais là, me demande quand je compte me rendre à l’expo de Denise pour m’y accompagner ; elle semblait y attacher beaucoup d’importance. Elle a appelé en pleine répétition de chant. Je l’ai appelée aussitôt après pour lui proposer un rendez-vous…

 

 

21 octobre

 

Je suis énervé, fatigué. La répétition autour de Fête-Dieu n’a donné rien de bon. Tout le monde semble un peu décalé, et particulièrement Jacques en période de déprime...

J’ai passé un coup de fil à l’ami belge de Wilfried ; il ne veut pas me recevoir, me demande de lui envoyer une cassette. Wilfried est très étonné de son comportement et m’a promis de l’appeler pour tirer les choses au clair. Il m’a rappelé dix minutes plus tard : « Il était de mauvaise humeur quand tu l’as appelé, il s’excuse et il m’a proposé un rendez-vous. » Ce sera jeudi à Bruxelles...

 

 

23 octobre

 

Valérie est passée, nous avons parlé du projet avant de prendre la route de chez STAZI. S’y trouvaient Fanny, Mia, Denise. Je me sentais bien en compagnie de Valérie. Par moments, à côté d’elle, j’avais la curieuse sensation d’un couple…

 

 

24 octobre

 

J’ai rencontré l’ami belge de Wilfried, lui ai exposé le projet le plus succinctement possible, le Journal musical en particulier, puisque c’est pour cela que j’y étais allé. Je ne me suis pas trop embrouillé. Wilfried et Fanny* souriaient, tandis que lui me regardait avec un mélange d’incrédulité et de stupéfaction. « Quelle sorte de type est-ce là ? » C’est ce qu’il semblait se dire. En parlant, je me suis rendu compte que j’aurais dû mieux y réfléchir, mieux préparer mon texte. J’avais avec moi le livret VI, la cassette des extraits, plus une autre cassette que j’avais préparée, sorte de compilation (« best of » ?) de la première partie du Journal musical : la « magnétique ». Il pataugeait un peu, mais au bout du compte a semblé s’y retrouver. Je lui ai dit que tout était possible, que j’étais ouvert à toute suggestion, ou variation, le tout, ou partie de la première partie, ou toute la première partie, ou la totalité des partitions, etc. C’est vrai que tout est possible, mais il aurait peut-être été nécessaire que je sois plus rigoureux. En même temps, c’est l’oreille qui jugera, primera, et c’est cette écoute qui décidera. Il sait que c’est un projet complexe (tordu), sinueux, malléable. À partir de là, si l’oreille est favorable, tout sera effectivement possible...

Mais je sais qu’elle ne le sera pas. Je me rends compte qu’il y a un décalage entre ce type de projet, et la musique qui s’y rattache, et la ligne générale actuelle du label assez éloignée de ce qu’elle était (il m’a donné quelques exemplaires de CD, ce n’est pas loin de la muzak). Il doute que cela convienne. Il ne l’a pas franchement dit, mais c’est ainsi que je l’ai compris, d’autant qu’il n’a pas réellement pouvoir de décision. Je n’attends rien de cette rencontre. Rien dans le sens de Crammed Discs, mais beaucoup dans le sens où c’est un premier contact, qui débouchera peut-être sur d’autres. Il est ouvert, sympathique ; semble planer un peu, mais « il est comme ça » dit Wilfried...  

 

* Fanny avait un rendez-vous à Bruxelles ce jour-là et m’avait accompagné (note du 31 août 2021)

 

 

26 octobre

 

La semaine prochaine, je contacte le responsable du secteur musical à la DRAC, histoire de lui soutirer une quelconque bourse. Je suis décidé de même à tout relancer. Appel aux musiciens…

Coup de fil à Valérie. Nous nous voyons demain pour ses partitions...

 

 

27 octobre

 

J’ai passé une partie de la soirée d’hier à la confection de la maquette du premier bulletin de Journals. Je suis très satisfait. Je me décide à lancer cette série, qui sera mensuelle – elle accompagnera donc chaque livret –, coûtera peu (je peux même le financer moi-même).

Je suis allé chez Valérie, nous avons beaucoup parlé, jy suis resté près de trois heures. De cette discussion est peut-être sortie l’idée de « l’apéritif », c’est-à-dire la première « mouture » de l’opéra…

À un moment donné, en survolant la page de programmation des prochains numéros de La Collection, elle a noté le « V, exemplaire unique ». « Exemplaire unique ? » Je me suis tendu, ai hésité. « C’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul exemplaire… » Elle ne m’en a pas demandé davantage. Sinon, que lui aurais-je dit ? *...

 

* c’était en effet un exemplaire unique, c’est-à-dire tiré à un seul exemplaire, confectionné pour V. et que je lui avais offert – en vérité, il y en a eu un second, une copie que j’ai conservée, à tout hasard (note du 10 septembre 2021)

 

 

28 octobre

 

Développement de cette nouvelle idée qui m’excite beaucoup même si elle reste encore floue. C’est venu un peu par hasard au fil de la discussion avec Valérie. Il s’agit de « l’apéritif », nom que je donnerai désormais à la « première étape »*, à l’idée de la représentation scénique avec les musiciens et deux récitants telle que la développe la première partie de Journals. Il s’agit de s’en tenir strictement à la chronologie, au calendrier, c’est-à-dire une musique par jour et par prénom, toutes les pièces se succéderaient. Voilà pour la musique. Pour le texte, pas d’histoire, pas de narratif, pas de linéarité. À l’image de la musique, il s’agira d’une succession de textes (ou fragments de, puisque la totalité dans le temps imposé par les pièces est impossible) prélevés directement dans les journals. De quelle manière ? Qu’est-ce qui va décider du choix puisqu’il n’y aura pas d’histoire à proprement parler ? Il y a la solution de l’aléatoire, mais ce n’est pas juste, ça n’a pas de sens ; c’est une fuite. Alors, il faut une règle. Encore une règle, une contrainte à ajouter à ce qui, de toute manière, n’a obéi qu’à des règles, des contraintes. Une règle à trouver, sorte de tirage, qui fera le choix et donnera une cohérence au tout même si les fragments entre eux n’en ont pas. Un jour, donc, avec sa trace, musicale et textuelle. Et succession de ces traces qui donnera une idée du temps... (Rien de bien clair dans tout cela...)

Pour la fête Chocolat (qui du reste sera certainement reportée en janvier, Léo est trop pris, et ce n’est pas sûr que la prestation musicale soit au point), Valérie me propose un duo piano/contrebasse, moi au piano. Ça me fait tiquer. Je ne suis pas pianiste, manque d’assurance, de technique. Mais elle a insisté, et j’ai fini par accepter. Elle me suggère une pièce de Frescobaldi qu’elle aime beaucoup. J’y travaille depuis hier...

 

* du latin apero, « j’ouvre » ; l’apéritif, c’est donc l’ouverture (note du 10 septembre 2021)

 

 

29 octobre

 

Fatigue. Énervement. Dégoût. Chaque jour je repousse les appels à passer. Je n’ai plus la moindre envie de quoi que ce soit. Il me faut un stimulant, quelque chose pour me redonner du courage...

J’ai achevé la maquette PAO du premier bulletin, l’ai relue. Je me demande quel intérêt cela peut avoir pour un lecteur. Quel intérêt ?...

(Le faire lire à Valérie…)

 

 

31 octobre

 

Répétition avec le quatuor, nous avons solfié, fait une mise au point rythmique. Tout doucement, N.-D. du Carmel se met en place. Ce sera long, la pièce est difficile. Puis courte répétition avec Thierry. Nous avons davantage parlé que travaillé, mais avons tout de même vu Philippe et Jacques en détails. Rendez-vous la semaine prochaine...

Je ne me suis toujours pas décidé à contacter les musiciens. J’ai téléphoné à Olivette pour le coffret, elle m’a dit qu’elle n’y avait pas beaucoup pensé, n’avait pas d’idée. J’ai senti qu’elle n’osait pas m’avouer qu’elle aimerait renoncer. Je n’ai pas insisté, lui laisse encore un délai, la laisse réfléchir...

 

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