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1995

 

*

 

1er février

 

 

À 17 h 00, comme convenu, je me trouvais à la porte de chez André. Je frappe. Un chien me répond. Je frappe à plusieurs reprises sans succès,  puis vais au tabac d’en face d’où je téléphone. En vain. Puis retourne frapper à cette porte qui cette fois s’ouvre. Ce n’est pas lui, mais une femme qui m’apprend qu’il m’attendait à 15 h 00... Malentendu, nous nous sommes mal compris, ça me paraît incroyable, je suis sûr de ne pas m’être trompé. C’est dans un état de vague étourdissement que je regagne la voiture et retourne à Billy avec mon lot de partitions inutile et une baisse notable de mon moral.

(Il m’a appelé au soir, nous nous sommes fixé un nouveau rendez-vous mercredi prochain...)

 

 

2 février

 

J’ai appelé Gilles Renard, je le vois mardi chez lui. Cette perspective m’a remonté, alors que j’étais en lutte avec moi-même depuis le matin, ne voyais en l’avenir proche ou lointain qu’une misérable illustration de l’échec pleinement consenti...

J’ai appelé Valérie. Elle n’avait pas réuni tous les papiers nécessaires à son ouverture de droits et il n’y avait donc aucune raison que je passe chez elle. Elle me rappelle la semaine prochaine. J’en ai été meurtri...

 

 

3 février

 

J’ai repris contact avec Bernard Alexandre, flûtiste et guitariste, avec qui j’avais joué il y a un temps et n’ai pas revu depuis sept ou huit ans. Il me rappelle demain pour que nous nous fixions rendez-vous. Il s’agit du projet, bien entendu, auquel je crois de moins en moins et qui paradoxalement m’excite de plus en plus. En définitive, je mène tout cela comme si ça ne m’appartenait pas...

 

4 février

 

J’ai passé la journée à mettre au point et à achever le dossier de Journals, ou, pour le moins, sa maquette. Tout y est, et je pense que tout est bien. Reste à en proposer la lecture : à Léo, Valérie, Richard ; j’espère qu’ils sauront en relever les maladresses, les erreurs. Il ne faut pas que je me trompe, ça doit être parfait...

 

 

16 février

 

Lorsque je suis arrivé chez Valérie, j’étais persuadé que les choses étaient désormais claires, que je pourrais l’aborder, la côtoyer avec naturel et aisance ; il n’en a rien été. De nouveau, une gêne s’est installée, une gêne que je suis parfaitement incapable de définir et dont elle est en partie responsable si tant est que ça ne soit pas mon propre malaise qui déteint sur elle. J’ai retrouvée chez elle cet assemblage de distance et de légèreté, d’absence et d’intérêt ; elle reste irrémédiablement insaisissable et je ne sais plus comment me comporter avec elle. Puis il s’est produit une chose étrange. Pour une raison que je cerne mal, cela fait plusieurs fois que je tente de lui faire savoir que je suis seul, et libre, et que cette voix féminine qu’à deux reprises elle avait entendue au téléphone – Lilas – ne représentait plus rien pour moi. Je désire qu’elle le sache, et cherche le moyen de le lui faire savoir. L’occasion s’est présentée lorsque je lui ai parlé de la question de l’enregistrement des pièces de Journals. J’en suis venu à mentionner Valentin qui possède un petit studio et je m’apprêtais à lui dire : « Mais c’est un peu délicat car c’est le nouveau type de ma femme. » Mais il m’a été impossible d’ouvrir la bouche. Mon ventre s’est noué et je me suis trouvé incapable de prononcer la moindre parole. Ma première pensée a été que notre séparation ne me laissait pas aussi indifférent que je le pensais. Mais ça n’avait pas le moindre sens. Cela fait six mois, j’en ai parlé des dizaines de fois autour de moi sans que ça ne m’ait affecté. Alors ?

(« Tu as vu ? » m’a-t-elle dit. « Le 21 avril, c’est une pièce pour contrebasse, et le 21 avril, c’est mon jour de naissance… »)

 

 

17 février

 

Les choses avancent. Le dossier est achevé. Fanny l’a lu, puis Léo, il est enthousiasmé, le trouve parfait. J’ai remis un exemplaire à Valérie, un autre à Richard. J’attends leur opinion, mais je sais déjà qu’elle ne changera rien à ma décision de le conserver tel qu’il est. Reste à en effectuer une version au propre, puis à commencer la prospection...

J’ai vu Gilles, Alex*, André. Gilles est intéressé, mais n’aura pas le temps de s’y consacrer. Alex a aussitôt accepté. Reste André, très intéressé, mais dans tous les sens du terme, puisque, inconscience, prétention ou simple vénalité, refuse une collaboration gracieuse et demande l’ahurissante somme de cinq cents francs de l’heure pour sa participation. Inutile de préciser où il peut se les mettre... Demain, je vois Thierry ; j’ai fait sa connaissance au cours de la représentation des Charmilles à Villeneuve et l’ai revu vendredi dernier aux Noces à Tourcoing. C’est à cette seconde occasion que j’ai appris qu’il était ténor. Je lui avais touché deux mots du projet et passe chez lui ce soir pour le lui exposer en détails...

Aux Noces, j’ai également revu Jeanne ; elle peut me mettre en contact avec un chef de chant attachée à Malgoire... Valérie a trouvé plusieurs instrumentistes,  Richard aussi. Je me sens beaucoup plus à l’aise avec lui. Il se dévoile enfin et je sais désormais qu’il est très intéressé. Beaucoup de choses ont été dites et mises en place. J’ai beaucoup parlé avec Anne dont la charge de travail (vingt-neuf pièces) est décidément écrasante ; j’ai décidé de la soulager de la moitié des pièces que j’assurerai moi-même... Valérie est d’accord pour interpréter Valérie...

Depuis deux jours, j’ai en face de moi un ordinateur prêté par une vague cousine de Lilas. Il va me permettre d’assurer toute la préparation des publications. Tout semble bien s’annoncer et je suis d’autant plus satisfait, et content, que cette entreprise prend la tournure d’une collaboration, d’un travail, sinon collectif, du moins d’ensemble, auquel je voudrais faire participer un maximum de connaissances.

Je m’efforce au maximum de concentrer mes pensées sur l’enregistrement et non sur la finalité, c’est-à-dire la scène. Mais, évidemment, je ne pense qu’à ça, à ce que ça sera, à ce que ça deviendra ; à cette chose encore vague dans mon esprit, que je ne parviens pas à imaginer réalisable et qui, de plus en plus, prend la forme et le nom d’opéra...

(Je jubile à l’idée de cette faveur inestimable que me ferait Olivette en acceptant de prêter sa voix à Zita…)

 

* Bernard Alexandre, le flûtiste (note du 9 septembre 2021)

 

 

18 février

 

Je suis allé voir Nadège, ma médecine faite charme, pour lui « soutirer » une dizaine de jours d’arrêt qui me permettront d’entamer le long et lourd travail de frappe sur ordinateur des publications des journals pour le projet. Puis j’ai passé l’après-midi en ville pour photocopier les partitions. Après être passé chez Mylène pour récupérer l’original du dossier que je lui avais laissé, je suis allé chez Thierry. Je lui ai tout exposé, avec, je dois dire, un certain brio (mais combien de fois ai-je répété les mêmes mots, les mêmes phrases, fait les mêmes gestes ?). Il m’a paru très intéressé, et s’il n’a pas ouvertement accepté, je pense pouvoir le compter comme participant. Il m’a renvoyé à un tromboniste, et une flûtiste. Sur la route du retour, je me suis arrêté chez Richard. C’est Anne qui m’a reçu. J’ai défini avec elle le plan des partitions pour piano : « tu te chargeras des hommes, moi des femmes ». Ça l’a amusé et lui a plu ; elle aura donc quinze pièces à exécuter, et moi treize, sans compter Valérie, bien entendu. Comme prévu, je leur ai laissé le dossier des cahiers pour les différents instrumentistes. Une fois rentré, je me suis mis à la frappe de la Rue V...

 

 

25 février

 

J’ai vu Mia chez Léo après le latin. « Au fait, je voulais te parler de ton projet », m’a-t-elle dit au moment de partir. « Ça tombe bien, je voulais aussi t’en parler. » J’étais à la fois excité et emprunté (et Mia est très belle). « Il faudra que l’on se voie », ai-je répété deux ou trois fois. « Lis le dossier, puis on se verra et je t’en parlerai. » « Promis ! » Et elle s’est envolée...

Je suis passé chez Valérie dans l’intention de glisser dans sa boîte quelques retours de partitions. Je n’ai pas réussi à les faire entrer...

Je passe tout mon temps à la frappe de la Rue V. et à la musique. Mais aussi à penser à cette entreprise qui gagne du chemin et me fait de plus en plus peur...

 

 

26 février

 

 J’ai passé la journée à la frappe de la Rue V. et à la musique : travail des pièces pour piano et celle à la guitare, Jean-François Régis (Richard et Anne s’étaient opposés à ce que je passe outre et exigent sa présence dans le Journal). Je vais donc devoir m’en charger (encore qu’une ou deux prouesses techniques me rebutent – et est-elle seulement jouable, cette pièce que j’ai dû écrire sans même m’aider de l’instrument ?)...

 

 

27 février

 

Valérie m’a appelé pour les différentes fiches de paie et certificats qu’elle m’avait laissés pour la constitution de son dossier à la caisse primaire. Elle voulait les récupérer et je ne peux les lui rendre puisqu’ils sont au bureau et je n’y retournerai pas avant un bon moment, une semaine ou deux, pour le moins. Toute la conversation, ou peu s’en faut, a tourné autour de ça. J’ai ensuite fait allusion à mon passage mercredi et à l’épisode de la boîte*. Finalement, il n’est pas urgent que je lui remette les partitions et je peux même ne pas y passer ce mercredi, comme j’avais l’intention de le faire. Je ne lui ai pas dit ; ai dit que je passerais « sans doute » ; mais je pense que je n’irai pas puisque ma visite n’aurait pas de réel objet… Ça a été tout. Rien sur le projet, ni sur le dossier. Cependant, comme il fallait s’y attendre, tout s’est bien passé, de part et d’autre, comme à l’accoutumée, au téléphone…

 

* je ne vois pas de quoi il s’agit, peut-être sa boîte aux lettres et le fait que la fente est trop petite pour que j’y glisse les partitions (note du 2 septembre 2021)

 

 

7 mars

 

J’ai vu Olivette : elle accepte avec grand plaisir, sinon avec joie, d’interpréter Zita...

 

 

10 mars

 

J’ai vu Olivette chez Léo, je lui ai interprété Zita. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle exulte, mais pas non plus à une absence totale de réaction. Je la lui ai rejouée, mais sans davantage de résultat. Il était manifeste que ça ne l’emballait pas du tout et nous étions loin de l’enthousiasme qu’elle avait manifesté lorsque je la lui avais proposée...

 

 

11 mars

 

Quel était mon état d’esprit mardi soir, je ne saurais le dire. Mais je sais que le lendemain j’étais extraordinairement en forme, presqu’euphorique. À cette euphorie a contribué ma trop courte visite chez Valérie qui, elle-même, et malgré sa fatigue (elle revenait de quatre jours de tournée), était souriante et ouverte. J’étais très content de la voir ainsi et de pouvoir moi-même l’être, encore que j’aie noté avec surprise qu’il m’a été difficile de la regarder longtemps sans trouble…

 

 

15 mars

 

J’ai su par Mia que Richard aimait beaucoup mon projet et qu’il a donné le dossier à lire à un certain Didier Henri (?), dit écrivain plus ou moins lié au Festival de Lille. J’avoue que cette attention de sa part me touche beaucoup…

 

 

17 mars

 

C’était le latin, mais aussi mon jour de naissance et j’avais proposé à Valérie de passer chez Léo, c’était l'occasion. J’avais prévu de l’inviter au restaurant avec Léo et Fanny ; mais Apollos s’est attardé et Richard et Mia sont arrivés ; alors, j’ai invité toute la compagnie. C’était au chinois des Halles. Je m’entends de mieux en mieux avec Richard, me découvre beaucoup de points communs avec lui, dont le jeu. Au Gros Bill, après le repas, je lui ai appris le « renard givré » (Fanny m’y avait initié la veille). C’est un jeu de cartes simplissime, similaire à la bataille, qui se joue à deux et basé sur les réflexes, la rapidité, la concentration, le sang-froid : lorsque deux cartes de valeur identique sont découvertes sur la table, c’est le premier qui les frappera du plat de la main en criant « renard givré ! » qui remporte le paquet. J’ai fait quelques parties avec Richard, puis avec Mia et Fanny ; enfin avec Valérie qui depuis un moment suivait le tout avec un intérêt enfiévré. La première partie était à peine entamée qu’elle s’est mise à trépigner, à tressauter sur sa chaise, comme traversée par des décharges électriques ; son regard lançait des éclairs et à chaque fois qu’elle criait « renard givré ! », tout le monde dans le café se retournait. Je n’en revenais pas. (À la réflexion, ce n’était pas vraiment étonnant ; j’avais déjà remarqué sous sa réserve des signes nets de nervosité, sa façon de fumer, certaines attitudes ou expressions par moments...)

Mia est instantanément jolie. Elle l’est au premier regard que l’on pose sur elle. Pas Valérie ; sa joliesse, il faut la découvrir ; pas parce qu’elle est cachée, mais parce qu’elle se présente sous une forme différente, inaccoutumée. Je m’en suis aperçu avant-hier, en l’observant, en tentant de cerner la particularité de son visage…

Sa surexcitation au jeu m’a surpris, mais elle m’a aussi beaucoup plu, même si ce type de comportement m’inquiète et m’effraie ; ça la découvrait un peu…

 

 

21 mars

 

Je devais rappeler Valérie au sujet des papiers qu’elle m’avait remis pour son dossier sécu. Ça a été long, vif, gai, détendu…

Comme à chaque fois, je suis tendu au moment de l’appeler, davantage que lorsque je vais chez elle, que je prononce mon nom à l’interphone, pousse la porte d’entrée, gravis l’escalier – en percevant dès les premières marches le claquement de la serrure de sa porte qui s’ouvre –, aborde le palier en sachant qu’elle sera dans le couloir à attendre.

Je remarque depuis le début que tout se fait de manière à ce que je cumule appels et visites. Sans la pièce pour contrebasse et cette histoire d’affiliation avec ses complications, je ne l’aurais pas vue et appelée plus de cinq ou six fois...

Je ne sais quelle est la part d’amitié et d’amour dans ce qui m’attache à elle. J’ai envie de quelque chose avec elle sans avoir vraiment envie d’elle...

Demain, je ne la verrai pas pour lui rendre les papiers. Elle sera à Paris. Ce sera l’occasion de les lui glisser dans sa boîte avec un petit mot...

Elle passe un nouveau concours, à Paris, pour Paris. Je souhaite tout à la fois qu’elle l’ait et ne l’ait pas. Qu’elle l’ait, pour elle ; qu’elle ne l’ait pas, pour moi. Mais elle sait déjà qu’elle ne l’aura pas. Elle n’est pas prête, n’est pas en condition. Elle m’a confié qu’elle traversait une drôle de période, était perdue, perturbée, sans savoir exactement pourquoi. « Il faudra que j’analyse ça », m’a-t-elle dit.

Je ne le suis pas moins, perdu et perturbé. La rencontre de deux perturbations peut-elle donner lieu à une stabilité ?...

 

 

27 mars

 

Je lis et en même temps s’élabore ce que Journals devrait être sur scène. J’y vois un homme qui me représenterait ; j’y vois une fille qui la représenterait. Mais qui pourrait la remplacer, tenir son rôle sur une scène ? M’est venue l’image de la photo, la seule féminine qui désormais orne les murs de la pièce de musique, d’Irène Jacob. Je pense à ce merveilleux regard d’étonnement qu’elle a dans Rouge et j’aimerais qu’elle soit, pour la scène, V. Aussitôt s’est rédigée dans mon esprit une lettre que je lui adresserais.

Progamme de la soirée :

- mise au propre des textes des pièces pour Thierry ;

- essai du matériel emprunté au père d’Olivette pour l’impression des partitions ;

- rédaction du journal, rapport de la journée d’hier ;

- latin ;

- frappe, abandonnée depuis huit jours ;

- travail technique avec Amandine que je désespère de pouvoir « séduire » avant la date que je me suis fixée, c’est-à-dire le 15 avril...

 

 

28 mars

 

J’abandonne l’idée de confier Zita à Olivette…

 

 

31 mars

 

Latin, puis, accompagné de Léo, je me suis rendu chez Thierry d’où nous sommes sortis à l’aube…

 

 

3 avril

 

Valérie est de plus en plus dans mes pensées et j’ai peur que cela ne joue sur mon comportement la prochaine fois que je la verrai (non fixée : « je t’appellerai », m’a-t-elle dit)…

 

 

4 avril

 

J’ai proposé à Lilas de chanter Zita

Ce mois doit marquer le début des enregistrements du Journal musical. À ce propos, pas de nouvelles de Richard qui doit acheter du matériel neuf (D.A.T.) pour les effectuer...

Par Wilfried, j’ai eu un contact à CRAMMED DISCS (CRAM, tiens donc). Je mets en place diverses choses avant de me manifester, mais sans grande conviction : en faisant le bilan de toute ma musique, je m’aperçois qu’il n’y a pas grand-chose de remarquable, et vu la production de ce label, je doute fort que cela puisse convenir. Mais c’est évidemment à ne pas laisser passer...

 

 

10 avril

 

Du nouveau pour Zita. La semaine dernière, Léo a reçu Richard et Mia. Il leur a fait part de l’échec de la séance avec Olivette, Mia s’est aussitôt proposée de la remplacer. Mia comme chanteuse du projet, c’est une excellente idée. J’en ai parlé à Richard qui m’a promis de lui en parler. Mais je me suis dit qu’il serait peut-être préférable que je la voie moi-même, aussi je suis allé chez eux. Il y avait Anne, Olivier et la sœur d’Anne, Marie-Noëlle, violoncelliste, que j’avais déjà croisée une ou deux fois. Nous avons parlé de Journals, et de l’éventualité d’y inclure Mia ; puis, en plaisantant, j’ai demandé à Marie-Noëlle si, par hasard, elle ne chantait pas. Elle chante, et je lui ai aussitôt soumis les deux pièces Alida et la Fête des pères, la première a capella, la seconde pour « voix et instrument non déterminé ». Les premiers essais d’Alida n’ont pas été franchement concluants, mais prometteurs. Par contre, la Fête des pères, elle-même s’accompagnant au violoncelle, est une réussite. C’est décidé : elle l’interprétera. Puis Mia est arrivée. Elle n’était au courant de rien. Je lui ai joué Zita. Ça lui a plu, mais elle a refusé de faire un essai, sous prétexte d’un rhume – elle n’avait pas l’air plus enrhumée que je ne l’étais, et je pense que c’est surtout par timidité. Je n’ai donc aucune idée de ce que peut donner sa voix, mais je suis persuadé que cela collera, d’autant que Zita ne nécessite pas une « grande » voix ; au contraire, une part de jeu sera nécessaire et pour cela elle s’en sortira très bien. Je suis très confiant et, pour la stimuler, je l’ai mise au pied du mur : « Tu seras l’interprète de Zita... » Je pense donc que je peux affirmer que le problème de la voix féminine est réglé. J’en suis d’autant plus satisfait que toutes deux font partie du « cercle », et cela donne un caractère « intimiste » à la chose et ne peut que favoriser les liens qui petit à petit se nouent entre moi et ces personnes qu’il y a quelques mois je ne connaissais pas...

 

 

18 avril

 

Aucune nouvelle de Valérie. Dans trois jours, c’est son jour de naissance ; j’ai évidemment pensé à lui faire parvenir une petite carte de mon cru...

 

 

20 avril

 

Soirée d’hier passée chez Richard. Mia travaille Zita. C’est ce qu’elle m’a affirmé avec un sourire désarmant. Je ne l’ai toujours pas entendue…

 

 

21 avril

 

Pas de nouvelles de Valérie. Je lui ai envoyé une petite carte, à trois portées (trois mains : Anselme, Gabriel et moi). Va-t-elle se méprendre ? Peut-elle se méprendre ? (Mais ai-je vraiment envie qu’elle se méprenne ?...)

 

 

28 avril

 

Ce soir, c’est mon soir et je le passerai chez Léo avec de la vodka, célébration primaire pour un anniversaire premier. Et comme je m’apprête à partir, le téléphone sonne. Je me dis que c’est peut-être Valérie, Valérie qui appelle le jour de sa fête, fête commune avec cet anniversaire. Et effectivement, c’est elle...

 

29 avril

 

Elle prenait des nouvelles. Elle avait beaucoup travaillé, était épuisée. « Je vais prendre une semaine de congés », dit-elle. Je lui ai souhaité sa fête, elle m’a remercié pour ma carte. Nous nous revoyons après le 8. « Je te rappellerai », ai-je dit. « Je te rappellerai », a-t-elle dit. Ce coup de fil m’a fait du bien…

 

 

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