« C’est pourquoi le phénomène des cutters (principalement des femmes qui font l’expérience d’un désir irrésistible de se taillader avec des lames de rasoir ou de se faire mal d’une quelconque autre manière) est strictement corrélé à cette virtualisation de nos environs : il s’agit d’une stratégie désespérée de retour au réel du corps. Ainsi faut-il distinguer le cutting des tatouages classiques sur le corps, garantissant, eux, l’inclusion du sujet dans l’ordre symbolique (virtuel). Avec les cutters, le problème est inverse, il s’agit de l’affirmation de la réalité elle-même. Loin d’être suicidaire ou de signaler un désir d’auto-annulation, le cutting est une tentative radicale pour (re)conquérir une prise sur une réalité ou (autre aspect du même phénomène) pour ancrer fermement l’ego dans sa réalité corporelle, allant contre l’insupportable anxiété qu’il y a à se percevoir comme non-existant. Le récit habituel des cutters est qu’après avoir vu du sang rouge et chaud couler de la blessure auto-infligée on se sent à nouveau vivant, bien enraciné dans la réalité. » Le silice, la mortification chrétienne des anciens temps…