Nous étions à table, Armel avait un livre, son portable, les oreillettes en place. De temps à autre, il ouvrait son livre, en lisait – ou pas – quelques lignes, parlait, puis y revenait, survolait durant quelques seconde, levait la tête. J’avais vu la couverture, Vingt-quatre heures d’une journée d’une femme, et m’étais étonné qu’il lise ce texte, d’autant que c’est sans doute l’un des moins intéressants de Zweig – Éléonore était d’accord avec moi –, et lire Zweig à son âge, quelle idée… Nous en sommes venus à parler des textes imposés par le programme ; il m’a donné quelques exemples, dont La princesse de Clèves ; faire lire La princesse de Clèves à un adolescent de seize ans, qu’est-ce que c’est que cette aberration ? (Je n’en ai pas le moindre souvenir des lectures qui m’avaient été imposées à son âge.) Parfois, je me demande si je ne devrais pas lui proposer l’un de mes textes ; que pourrais-je lui donner s’il m’en parlait ; Léo, peut-être ?… Le retard de saisie augmente et je n’ai pas la moindre envie de m’y mettre ; il faut absolument que ça soit quotidien, comme d’aller faire caca…
6 novembre 2021