Puces, Ilhem, quartier populeux, fête foraine, qualité à l’avenant, c'est-à-dire pas grand-chose si ce n’est Le pays sans ombre d’un obscur Abdourahman A. Waberi, au Serpent à plumes, les petits livres jolis et confortables, auteur somalien dont j’ignore tout et qui, apparemment écrit en français. J’ai naturellement devancé Éléonore, me suis retrouvé à la terrasse du Faidherbe le bien nommé entre un manège pour enfants, deux stands de loterie, un gamin qui tapait férocement sur le clavier d’un piano pour enfants et une petite famille dont la femme à moitié dégénérée ne cessait d’appeler son rejeton à l’ordre en hurlant : « Jordan ! » Je ne sais pourquoi, tout cela m’a fait sourire et ne m’a pas empêché, tout en buvant un jus d’orange, d’entamer la première nouvelle du Pays sans ombre. Éléonore m’a rejoint. À un moment donné, elle m'a dit cette drôle de chose, alors qu’elle me parlait des personnages insolites qui passaient devant nous : « I wish I were an artist because I’ve got a good eye. » Je ne voyais pas bien le lien entre les deux. Si elle a un bon œil qui relève des choses que moi, par exemple, ne vois pas, en quoi est-il nécessaire d’être un artiste pour exprimer ce que cet œil voit et ce que les autres ne voient pas forcément ? Une discussion s’est amorcée que le bruit environnant m’a empêché de poursuivre...
5 août 2006