« Il marinaio è scritto al congiuntivo, che è un modo impossibile da mantenere in italiano ; e in tutte le possibilità che la lingua portoghese, così  congiuntivale, può offrire : dal futuro congiuntivo semplice, che indica una possibilità nel futuro, al futuro congiuntivo composto, che indica un fatto futuro come terminato in relazione ad un altro fatto futuro. » « Le marin est écrit au subjonctif, mode impossible à conserver en italien ; et de même dans toutes les possibilités que le portugais, dans cet aspect subjonctif, peut offrir : du futur du subjonctif simple, qui indique une possibilité dans le futur, au futur subjonctif composé qui indique un fait futur achevé en relation avec un autre fait futur. »

 

Mais le paragraphe précédent est peut-être plus intéressant en cette matière de nuance de temps d’une langue à une autre. Après avoir cité une phrase du Marinaio, Tabucchi écrit : « Come tradurre in italiano un piuccheperfetto del congiuntivo che in portoghese indica un’azione irreale nel passato ? È necessario aggirare l’ostacolo, introdurre un dubitativo “ forse ”, o ricorrere ad altri stratagemmi : parliamo, se volete, di un passato che forse non abbiamo mai avuto ; oppure : parliamo, se volote, di un passato che potremmo non avere avuto. » « Comment traduire en italien un plus-que-parfait du subjonctif qui en portugais indique une action irréelle du passé ? On est obligé de contourner l’obstacle, en introduisant le “ peut-être ” du doute, ou en recourant à d’autres stratagèmes : parlons, si vous voulez, d’un passé que peut-être nous n’avons jamais eu ; ou bien : parlons, si vous voulez, d’un passé que nous pourrions de pas avoir eu. »

 

En même temps, et à dire vrai je le découvre à l’instant, je m’étonne que ce temps, ainsi que le passé première et seconde forme du conditionnel, n’existe pas en italien ; que l’on ne puisse dire « avrei avuto », « j’aurais eu », ou « avessi parlato », « que j’eusse parlé », formes que j’ai déjà employées naturellement, machinalement, calque du français. Alors : comment un Italien peut exprimer cette nuance du passé qui, pour un Français, est indispensable ? (Mais Tabucchi emploie bien « abbiamo avuto », forme qui, à ma connaissance, n’existe pas dans la conjugaison officielle. Ou le crée-t-il pour l’occasion ?) *

 

* jouvre grand les yeux en lisant ce paragraphe aujourdhui : quest-ce qui ma fait écrire ces propos aberrants ? La conjugaison italienne est identique à celle du français, toutes formes du subjonctif et du conditionnel. Comment ai-je écrire cela le plus naturellement du monde ?... (Tabucchi ne dit pas quen italien le plus-que-parfait du subjonctif nexiste pas, mais quil n'exprime pas la même chose en portugais...) Note du 15 juin 2024

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