Terrasse de l’Ô. Celle de la Mairie est sortie, mais est à l’ombre, ici, je suis au soleil… Deux tables occupées, deux couples (homme femme, homme gamin), des touristes (le premier anglais, le second allemand). Je pensais aller à la cordonnerie, étais à mon écran (relecture de L’Archiveur, chasse aux graisses), l’heure a passé, il fallait que j’aille acheter du pain, donc me changer, et pourquoi ne pas profiter du beau temps pour marcher un peu ; j’ai alors pensé aller à la book-box des remparts tout en sachant qu’il n’y a jamais rien. Mais aujourd’hui, si : La Déménagerie de Jean-Loup Trassard. Ça m’a fait sourire et je l’ai emporté, il est peut-être coté… Outre le soleil, l’avantage ici est le chocolat qui accompagne le café ; l’inconvénient, si je puis dire, pas de jolie serveuse – mais le café est meilleur ; non : bon puisqu’à la Mairie, il est insipide – mais plus cher ici, deux euros contre un soixante-dix à-bas – trente centimes pour le soleil et le chocolat… Je survole, parcours Trassard ; c’est pour le moins quelconque, notamment la première page avec ses airs de vouloir faire moderne – alors qu’il est pour le moins classique (c’est du moins l’image que j’ai gardé de lui alors qu’il draguait Éléonore à la terrasse du bistro à côté de chez Ulysse)… Souvenirs d’enfance, évidemment, avec la guerre en toile de fond (combien de livres ne se seraient-ils pas écrits s’il n’y avait pas eu la guerre ?) ; comment des types comme lui, ordinaires, quelconques, transparents – ou plutôt leurs textes (mais ils doivent ressembler à leurs textes) – peuvent-ils remplir les catalogues des « grands éditeurs », « faire carrière » ?... (Finalement, c’est sans doute un bien que je n’aie pas « fait une carrière » – mais c’était impossible : je ne suis pas fait pour faire carrière…)