Je viens de refermer L’angelo nero à la page 20. Il fait suite, dans le cadre de ma relecture de Tabucchi, à Notturno indiano achevé ce matin. Je n’en avais pas beaucoup de souvenirs, sinon aucun, et, pour l’instant, tout est encore très vif dans ma mémoire ; j’espère que ça durera (quoi qu’il en soit, je le relirai). Je sais qu’un film en a été tiré ; quelle idée. Il y a douze parties, un fil, un lien, mais chacune pourrait être autonome et le tout ne constitue pas une histoire. C’est de l’écriture, pas de l’image. Est-ce que je vais me risquer un jour à le voir ?... (Je pense tout à coup à Stéphane Audran, à La femme infidèle et au Festin de Babette diffusés hier soir en son hommage. Je n’avais jamais vu le premier, ai revu le second, cette fois en entier. La première fois, je l’avais pris en cours, au moment où elle apprend qu’elle a gagné à la loterie et j’avais adoré toute la partie consacrée au repas en ne sachant rien de ce qui le précédait. J’ai donc regardé ce qui me manquait et, une fois la jonction faite, j’ai pris Tabucchi et me suis remis à lire. J’avais simplement coupé le son, mais au bout de quelques minutes l’avais remis pour voir de nouveau cette scène. Elle a réellement quelque chose d’extraordinaire que, faute de mieux, sur l’instant et même à présent, je peux « définir » sous le nom d’humanité. C’est drôle comme je me suis toujours senti proche de Tabucchi et ça se confirme et s’affirme à la relecture. (Le passage qui me fait penser au Bar trop plein en est une preuve éclatante.) Je cherchais des mots, en ai trouvé deux : le flou et la suspension. Mais c’est insuffisant. (Je peux peut-être y ajouter la mélancolie)