À propos du titre. Confederacy n'a pas le sens de conjuration. C'est un rassemblement, un regroupement, une coalition. Mais à ce rassemblement, Swift donne un sens d'action implicitement consciente : ce qui amène et guide ; par exemple, les mouches autour d'un excrément ou les fourmis dans leur labeur incessant et stupide. C'est-à-dire, une ignorance des uns et des autres, une absence de consultation. C'est l'instinct, et c'est l'instinct qui amène les imbéciles du monde entier à se regrouper autour de l'exception, de celui qui n'en est pas, afin de lui nuire et de l'annihiler. C'est de cette sorte de conscience-là qu'il s'agit. Elle n'est pas celle de la conjuration qui suppose un choix, une décision chez chacun de ses éléments. Il faut « jurer », c'est-à-dire prêter serment et pour cela, il faut penser, ou pour le moins avoir pensé. Ce n'est pas le cas ici et, à ce titre, le titre n'est pas juste, à moins que l'on prête à l'instinct des volontés souterraines, à moins que l'on se place du point de vue d'Ignatius et que l'on veuille considérer le mot comme un reflet de sa pensée : seul être conscient parmi la multitude démente et bêlante, et à force d'être soumis à leur poids, jusqu'à en être étouffé, il en vient à cette ultime conclusion : ils le font exprès, c'est délibéré ; ils sont forcément animés par un objectif commun, longuement préparé et calculé : mon annihilation... Mais je n'ai pas terminé...

 

(Saisie directe à la saisie : Géraldine et Adelphe m'ont affirmé qu'il s'agissait de l'un des livres les plus drôles qu'ils aient lu et qu'ils n'ont pas arrêté de rire. C'est comique, bien sûr, mais je n'ai pas ri ; simplement souri. Je ne pense pas, au bout du compte, qu'il s'agisse d'un livre comique, mais plutôt d'un livre tragique. Peut-être est-ce la traduction en français qui privilégie le premier sur le second...

 

26 juillet 2000