p. 212 : entretien de 1975
Il vient de commencer et Sollers dit :
« J'ai délibérément placé ce piège pour la rétine,
laissant croire qu'il n'y a pas de méthode dans l'écriture de mes livres, mais
un jour je vous montrerai mes manuscrits. Vous verrez des pages écrites à la
main, laborieusement révisées dix, quinze, vingt fois. Je veux donner
l'impression que j'écris mécaniquement mais en fait, c'est fait avec le soin
d'un scalpel pour séparer de fines couches de tissus, opération d'une très
grande précision. [...] Ce sont là de très méticuleuses opérations d'un genre
que j'ai introduit dans le texte que je viens de vous lire [Paradis]. Je
sépare les lèvres du mot et je les traite comme un chirurgien le ferait avec des
tissus délicats. Il y a un élément moléculaire, biologique. » À quoi rime cette tentative de justification
parfaitement inutile et ridicule, et qui ôte toute authenticité (voire :
crédibilité) à ses propos ? Le reste de l'entretien ne se départira pas de ce
ton-là, quasi grotesque...
p. 218 : naïveté et prétention mêlées. Factice...
Et j'avoue : maladresse. C'est un peu pitoyable...
p. 220 : Duchamp, voyable//visible
Sollers y oppose le lisible//lisable de la
littérature.
Sollers ne parle jamais aussi mal d'écriture que lorsqu'il parle de lui. Lumineux, clairvoyant, passionnant lorsqu'il parle des autres, comment se fait-il que lorsqu'il parle de lui, de son travail, tout semble factice ? Il ne devrait jamais parler de lui. En vérité, lorsqu'il parle de son travail, il parle de lui avant son travail. Il ne sait pas s'effacer. Ce n'est pas Sollers qui a écrit, mais Sollers qui écrit...