« Toutefois, le coup de sang est un autre nom de la folie, et comme l’opinion publique n’aime pas à entendre qu’on ne peut pas occuper une profession si on n’est pas fou, les poètes n’emploient pas le mot “ coup de sang ” pour désigner leur crise. D’un commun accord, ils parlent d’inspiration, avec toute l’emphase qui convient. C’est une appellation qu’ils ont inventée pour tromper le monde, mais en réalité, c’est exactement une crise, un coup de sang. Platon, prenant leur parti, a nommé ce coup de sang une “ divine folie ”, mais les braves gens ne veulent pas avoir affaire à un fou, même s’il est divin. C’est pourquoi il est dans l’intérêt des poètes d’affubler leur folie du nom d’inspiration, qui ressemble à un médicament récemment mis au point. » […] « C’est par conséquent, une folie temporaire. Si les poètes s’en tirent sans aller faire un séjour à l’hôpital psychiatrique de Sugamo, c’est parce qu’il s’agit précisément d’un accès de folie temporaire. »