Nouveau Roman dont il est l'un des pionniers (sans rire – ? illisible). Sans surprises : je retrouve La Route des Flandres, le ton, la tension, l'écriture, flot, flux, et la profusion – à l'image de Proust et de Faulkner – jusqu'à la saturation, jusqu'au dégoût, à l'écœurement, de l'incise, de la digression... Davantage que ce qui se dit, c'est ce qui s'écrit qui compte. Rareté du point (le point a la faculté d'endiguer, de stopper). (à l'origine, il était écrit, les notes se faisaient au fur et à mesure, bien sûr, et je n'étais qu'aux première pages : absence du point, puis, correction : non, il y en a...)

Procédé, quelque chose d'irrémédiablement daté
(c'est ce que n'est pas Proust ou Faulkner, par exemple).

L'orthographe : « bailler », « succédé » conjugué, « raccorni »
(à plusieurs reprises, ce qui élimine l'éventualité de la coquille), l'erreur systématique du
« leur(s) » multipliée à loisir, « déclanchée »... C'est un prix Nobel qui écrit...

Comment regarder aujourd'hui cette écriture, expérimentale, d'autant qu'il y a eu Joyce, Proust avant lui ? (mais aussi mes propres expériences en ce sens, il y a vingt ans, alors que je ne connaissais ni les uns ni les autres, ce qui veut dire qu'il y a là quelque chose de « l'air du temps »). Est-ce un style, ou une école ? Le Nobel a-t-il récompensé le style (l'auteur) ou l'école (le Nouveau Roman) ?... Il n'empêche que je lis cela avec grand plaisir, avec à l'esprit mon goût pour les flots, et le souvenir de la Route des Flandres qui, il y a une quinzaine d'années, m'avait subjugué.

27 juillet 1999