J'ai fait un peu de piano avant d’achever Oreiller d’herbes qui durant plusieurs minutes m’a laissé en suspension. Je le suis toujours un peu, cherche à démêler le brouillon dans lequel il m’a plongé. Tout qualificatif m’échappe, mais pour être en total accord avec ce texte, il faudrait tout simplement n’en chercher aucun. Il faudrait tout simplement que je laisse les choses opérer en moi en balayant toute espèce d’analyse. À quoi servirait donc d’analyser ceci : « Pour gravir des marches de pierre, il ne faut pas faire d’effort. Plutôt que de se fatiguer, il vaut mieux faire demi-tour. Je monte d’une marche et je m’arrête : je me sens gai. Puis je gravis une autre marche. Là, j’ai envie de faire de la poésie. Restant silencieux, je fixe mon ombre. Il est drôle de la voir coupée en trois par de angles de pierre. Comme c’est drôle, je continue à monter. Je lève les yeux pour voir le ciel. Au fond du ciel endormi, de petites étoiles scintillent. Je me dis que cela peut former un vers et je monte encore. C’est ainsi que finalement j’arrive jusqu’en haut. »
27 juin 2005