J’aurais pu le prendre tel qu’il était et le ranger, et j’étais à deux doigts de le faire. Il y a quelques jours, j’avais décidé de le poursuivre, j’en avais lu une dizaine de pages et l’avais refermé. J’allais le prendre et le ranger. Hier, comme pour lui donner une dernière chance (et je répugnais vraiment à ranger un Saramago sans l’avoir achevé, mais fallait-il vraiment me forcer au nom de je ne sais quelle fidélité ?), je l’ai rouvert et en ai lu cent pages d’affilée, et j’ai eu du mal à accepter de devoir m’endormir avant de le reprendre au matin. Je l’ai repris ce matin et achevé d’une nouvelle traite. Je pense que c’est grâce au maire, et même je peux l’affirmer : c’est grâce au maire, le maire qui tout à coup se met en avant, devient un véritable personnage et met les choses en action. Auparavant, c’était comme froid, cérébral, juste un alignement de mots qui ne semblaient être là que pour servir un conte à portée philosophique ou politique, et du reste, je m’étais fait plusieurs fois la réflexion : c’est général et flou, il faudrait que quelqu’un prenne les choses en main et impose une direction ; ce n’est pas possible que cela reste ainsi pendant quatre cents pages. Ça a été le maire. Je l’attendais et il est arrivé à point nommé. Il ne va pas rester longtemps, cèdera la place à un commissaire qui du reste fermera le texte, mais il a agi comme un démarreur et c’était bien ce qui manquait. Alors, je n’ai plus pu m’en détacher et c’est remarquable...
30 novembre 2008