Courrier de Michel M***.
Photocopie d'une étude sur le chocolat.
Il y a quelques jours, il m'a fait parvenir un exemplaire d'un
numéro de l'édition des Mille et une Nuits, l'argot
homosexuel chez Villon.
Que signifie exactement cet envoi ?...
(penser à lui répondre ; mais aussi à envoyer mon
courrier à Francine,
mais aussi à Francko ; penser aussi
à appeler Bakou, Francko, Jean-Stéphane, Annie !...)
(Tout à l'heure, je me suis
regardé dans la glace ; je veux dire
vraiment
regardé : il n'y a pas de doute, j'ai bien mon âge...)
Passage chez Francko pour
célébrer l'achat de son
nouvel ordinateur. Bientôt, un
émaillé de plus à contacter...
Coup de fil de Jean : reprise des cours mardi prochain...
(Lu sur la devanture du Chalet
du parc, avenue Jourdan à Paris :
« Ici les tartes sont bonnes et la bonne n'est pas tarte. »
Ce matin, grec. Grosses
difficultés à reprendre ; perte quasi totale
du
vocabulaire, et, surtout, des conjugaisons. Mais plaisir tout de
même
à me replonger dans le décryptage de cette langue
pulpeuse...
(J'écoute, suite de ma « rétrospective »
Puccini :
Manon Lescaut à Covent Garden en 1993.
Délice...)
En rangeant des papiers, je tombe
sur une
gravure d'Ensor intitulée LE CHRIST
INSULTE.
Le titre est libellé en majuscules,
sans accent sur le E :
est-ce « insulte » ou « insulté » ?
Ciel couvert.
Grisaille.
Pluie.
Visite de W***.
Je ne l'avais pas vue depuis trois mois.
Elle a changé sa coupe et sa couleur de cheveux.
Ça lui va très bien. Elle est très jolie.
Toujours aussi attirante.
Mais je ne ressens plus rien pour elle.
Coup de fil à Annie ce matin. Bernard ne va
pas bien du tout.
Annie pleure. Elle dit que personne autour de lui, à l'hôpital,
ne semble vouloir reconnaître qu'il s'agit d'un cancer et que
c'est très avancé.
« Il est fichu, » me dit-elle.
Rencontre inattendue à l'Oeil. Sur le livre d'or, j'avais inscrit un mot suivi de mon nom. Un homme le lit, se tourne vers moi, me demande si je suis Guy Grudzien. Il me dit avoir envoyé quelques textes à l'époque d'Alain et d'Andromède. Je lui demande son nom. C'est Bertrand Foly... Je me souviens parfaitement de son nom et de ses textes pour lesquels j'avais eu de l'attachement. Écriture et sujets singuliers qui le sortaient du lot des banalités que nous recevions à l'époque. Il m'avait appelé il y a quelques années, à Billy, pour je ne sais plus quelle raison. Puis ce fut tout. Il y a quelque temps, retrouvant son nom dans un ancien agenda, j'avais eu l'idée de lui envoyer des livrets. Mais le numéro n'était plus le sien et je ne possédais pas son adresse... Il écrit des textes pour des petits spectacles, fait quelques expériences d'écriture. Je lui parle de La Collection, lui enverrai quelques exemplaires. Il est complètement différent de l'image que je me faisais de lui à travers ses textes. J'ai été très heureux de cette rencontre...