Ai rapporté d'Angleterre quelques livres enchanteurs...
La seule fois que je me suis vu en mouvement, c'était il y a quelques années de cela, à l'époque où Francko ayant emprunté du matériel vidéo à FR3, nous avions commencé à faire un petit film (inachevé et abandonné). Je ne m'y étais guère reconnu. Ce qui est banal et naturel. Comme tu le sais, j'attache beaucoup d'importance à l'image qu'ont les autres de moi [...]. C'est dire que j'ai attaché beaucoup d'attention à cet autre qui dans l'écran s'agitait et parlait... Je connais très bien ma voix, l'ayant entendue des milliers de fois. Je connais assez bien mon visage : celui que je vois dans les miroirs mais aussi cet autre constitué du souvenir qui me restait de cette première vision vidéo et de la représentation que j'en fais lorsque je me place dans le regard des autres, c'est-à-dire m'imaginant me regardant de l'extérieur. Ayant depuis longtemps ce visage de moi dans la tête, je me suis assez bien reconnu [...]. Mais une chose m'a profondément surpris : tu sais que bon nombre de gens, et ce depuis longtemps, car je me souviens que tout jeune adolescent on me le disait déjà, me trouve une certaine ressemblance avec ***... Cela m'a toujours laissé perplexe, et même m'a sidéré. Eh bien, figures-toi que depuis aujourd'hui ça ne me sidère plus, car moi-même, en me voyant, ça m'a frappé : effectivement, j'y ai retrouvé des expressions, des attitudes, des gestes... Et au-delà de la ressemblance qui en fait n'existe pas, ce qui m'a profondément surpris, c'est de retrouver chez moi un comportement, donc un reflet de la personnalité, que de l'intérieur je ne perçois pas, que je ne connais (ou conçois ?) pas. Ainsi mon apparence, mon image extérieure, ne correspond pas à ce que je crois être, à celle que je crois donner, image en relation avec ce que je suis, expression de ce que je suis. Et de constater que ce comportement est très proche de celui de *** me trouble beaucoup car d'une part j'ai toujours aimé sa façon d'être (et y aurait-il là mimétisme, même inconscient ?), d'autre part parce que ça me dit précisément, du fait qu'il y modèles, des choses que moi je ne soupçonnais pas (?)... Quelles choses ? Je les sens sans vraiment pouvoir les exprimer. En tout cas, pas maintenant ce n'est plus le moment.
La musique est une énigme. Mozart, Beethoven, Schubert ou Debussy en donnent des réponses : mots, émotions, images. Tout est décodé. La musique cesse là où il y a un mot pour la décrire (qualifier). Barbe-bleue, Varèse, Satie, Scelsi sont inqualifiables.
J'agitais du pouce sur le bord de l'autoroute. Une voiture s'est arrêtée. Il avait une quarantaine d'années, il y était seul et durant tout le trajet, il a chanté à la chaîne des airs d'opéra. Nous n'avons pas échangé un seul mot ni seul regard. Il pouvait être représentant ou garagiste ou fonctionnaire. Il chantait...
Depuis ce matin, j'ai de violentes douleurs stomacales. Contractions, crampes, rétrécissements... Le reste du temps, les crises n'étant qu'épisodiques, ça ballonne et ça tire... Je m'inquiète. Je crains le pire...
Hier, première étape du déménagement : le meuble à glissières et tout son contenu : dosssiers, manuscrits. Qui attend désormais sa destinée dans le grenier... Prochaine étape : le bureau de la première pièce et l'ordinateur, mercredi prochain avec la voiture de Jacques...
Dans La Repubblica d'aujourd'hui :
- découverte, en plein Rome, d'une fresque
représentant une ville antique
« a volo d'uccello », soit vue d'en haut ;
- date de péremption pour les hosties en Italie. L'Église
proteste... L'article, sous forme de dossier, tient pratiquement
une page. En vis-à-vis, page de gauche, une publicité pleine
page pour Gucci représentant une belle blonde étendue en
maillot deux pièces. Je ne suis pas sûr que cela soit
innocent...
Crachin...
Je n'ai rien à dire...
Dreyfus, comme la majorité des autres correspondants de Proust, n'est pas dupe, et il souligne souvent cette particularité qui fait partie du charme de Proust. Ce qui est vrai. Pourtant, parfois, ça dépasse les limites et c'en devient excessif. Presque agaçant. Et plus qu'agaçant, troublant. Et dans certains passages de lettres, j'ai trouvé Dreyfus particulièrement indulgent et conciliant. Presque « gentil » vis-à-vis de Proust. Car, à ces passages, il m'a semblé qu'il suffisait de très peu de choses pour en changer le sens et l'intention, et faire de son auteur un être sournois, flagorneur et hypocrite. Proust ricanant du fond de son lit à l'idée des mauvais tours qu'il jouait à ses correspondants ! Au-dehors, l'homme du monde prévenant, raffiné, poli, tendre et gentil. Et une fois seul, l'affreux haineux, retors, embobineur et fourbe !
Hier a été tout semblable à la veille, soit douleurs gastriques de plus en plus inquiétantes, qui m'ont obligé, ce matin, à me rendre chez le médecin. Oui, la charmante. J'avais décidé ça hier soir. Ce matin, en me levant, pas l'ombre d'un symptôme. Je me suis inquiété. Heureusement, pendant le petit déjeuner, elles sont revenues. Mais moindres, à peine plus qu'une lourdeur, une contraction que j'aurais pu tout aussi bien imputer à la nourriture elle-même, encore que pas très consistante, ni abondante... À onze heures, j'y étais. Elle m'a palpé là où il fallait et c'est à peine si elle m'a fait mal. « Étrange douleur, n'est-ce pas, docteur ? » Néanmoins, elle m'a donné un traitement à suivre pendant un mois avec éventualité d'une fibroscopie à la clef. Plus deux jours de congé... Mais, de la journée, pratiquement rien. Aucune crise, à peine quelques contractions de temps à autre. J'aimerais presque que le mal revienne, ne serait-ce que pour m'assurer que je n'ai pas tout inventé...
X entre dans le périple des Annuités. Il y porte le numéro y.
Dessin du périple (voir calepin) :
Belle journée,
mais froid soudain dans la nuit !
Je reviens de chez S***. Il est 2 h 30 du matin. Délicieuse soirée. Nous avons mangé italien. C'est elle qui a tout préparé. Je me suis occupé du dessert et ai fait un gâteau au chocolat, naturellement...
Coup de fil de N*** en fin d'après-midi. Elle m'invitait à manger. Mais je ne puis être là et là à la fois. Aussi mon invitation est-elle reportée à demain soir... Chic ! (et R*** qui n'est pas là !!!)
J'ai poursuivi mon étude de Turner, je vais poursuivre la traduction du texte de Ballard.