(Sur la route de Madison, la semaine dernière, vf, à la télé. Eastwood a ce petit côté franc-tireur qui fait qu'il m'intéresse depuis longtemps, qu'il filme ou soit filmé. Alors, ce « mélo » d'amour filmé par lui m'intéressait. Mais dégoulinade : le franc-tireur mange dans la soupe populaire, et, qui plus est, américaine. Moralisation, sagesse, raison, famille : la résignation au nom du pacte familial et social. C'est consternant (l'Amérique a encore gagné ou est-il possible que le doublage contamine à ce point le sens ?)
Dernier mois du siècle, qui est mon mois. J'aime cette idée que l'année (donc un siècle, a fortiori) se termine sur mon nom multiplement répété...
Légère gueule de bois suite à la soirée d'hier chez Francko.
Samedi matin passé à la dernière main aux publications. Après-midi au grenier pour une couche de lambris ; ça avance. Au soir, invitation à Francko pour la mise au point de la fête de fin d'année : « le Lys en Renaissance » pour le 30, « la Renaissance au Lys » pour le 31 ; un bassin des vux chez lui et ici : le premier pour les vux de fin d'année, le second pour la nouvelle année ; restait le problème de mon intervention, la logique voulant que cela tourne autour de l'album donc, d'une certaine manière, de la photo ; l'album sera présent (présenté ?) le 31, je ne sais encore de quelle manière ; pour ce qui est du 30, nous avons pensé qu'il pourrait être intéressant et amusant que je constitue une sorte d'annexe à l'album proprement dit, soit : un second album qui serait celui de la fin d'année et constitué de tous les invités de la fête qu'ils soient ou non de mon album ; je serais le reporter-témoin photographique de l'événement (à défaut d'en être le rapporteur littéraire) ; le chroniqueur, le journaliste...
J'ai toujours pensé que je n'étais que chimie et que mon corps mort serait semblable à une pierre : soit lourd, vide et inerte. Une mécanique arrêtée, désactivée. Mais je pense aussi que durant le temps de mon existence, il y a un stade particulier de ma conscience qui, né d'une inexprimable trace de ma carte primaire, échappe et échappera toujours au monde dont je suis pourtant fait et continue à être fait. Cette trace, extraite de la carte et dont elle est l'anagramme, s'est arrêtée entre elle et la plage de la conscience pure, accès direct au monde extérieur ; s'y est arrêtée pour y occuper un poste de garde, de vigile ; d'une sentinelle silencieuse, adroite et attentive dont le rôle, outre celui de la faction, est celui de l'estafette, du porte-parole (muet et indolent), sorte de diplomate qui tout à la fois veille, transige et renseigne : une sorte d'espion à découvert sans autre masque (loup) que celui de mon nom dont il est le porteur et le garant. De le savoir là est ma garantie d'être vivant...
Oubli de dimanche : passage
chez Valérie et Matthieu pour la photo.
Hier, coup de fil d'Éric
Loosveldt pour
l'annulation de sa proposition. Soulagement...
Froid, mais soleil...
Beaucoup de négligence en ce
moment.
Que se passe-t-il ?
Rien de vraiment notable.
Visite chez N*** qui expose le 31.
Puis passage aux Bretons où je rencontre M*** et C***.
Nous rions.
C*** achève la confection d'un bel ensemble littéraire
au sujet de l'une de ses tantes et un lointain cousin.
Je nettoie
l'appartement de fond en comble.
Six mois que ça n'avait pas été fait.
Il faut que tout soit propre pour la Noël
qui verra la visite de ma mère et de ma sur...
Quoi que je fasse, se conserve mon caractère irréductible de propriétaire, de possesseur, d'individu qui s'est conçu un univers clos auquel il ne peut supporter que quiconque ait accès. Mon univers à Roubaix n'est pas clos. Il est entrebâillé, voire complètement ouvert. Tout le monde en a la clé et tous mes efforts dans le sens d'une certaine forme d'indulgence, de tolérance, sont vains : depuis hier, j'ai une boule au ventre qui ne se dissipera que lorsque la maison sera de nouveau vide de ses occupants...
Ce qui me manque : une porte, avec une
clé,
que je puisse fermer et derrière laquelle je puisse me
retrancher...