J’étais entre deux filières de la salle 2, debout, après avoir été assis une petite demi-heure, debout, avec le livre à la main. Cela faisait près d’une heure que j’y étais, mais il me restait une vingtaine de pages d’après ce que mon œil et mes doigts pouvaient en juger, et il m’était difficile à ce point de l’histoire, et alors que j’avais tant attendu qu’il « se passe quelque chose », à ce point donc où la mort rencontre le violoncelliste, de laisser tomber. Mais il fallait tout de même que je m’arrête, et passant de la page 261 à la page 262, je me suis aperçu que le chapitre (si tant est que je puisse parler de chapitre chez lui) s’arrête en haut de la page 263. « Je m’arrête là », ai-je pensé. Mais il était tout de même un peu bête de ne pas poursuivre à quelques pages de la fin. Alors j’ai poursuivi, ai tourné la page 263 qui s’arrête sur rien, le livre est fini. « Oh... » C’est exactement ce que j’ai dit à voix haute, l’exclamation que j’ai eue en découvrant que c’était achevé et en laissant monter en moi l’effet de la dernière ligne qui, à présent que je savais, se faisait véritablement sentir, cette montée douce et puissante à la fois qui engourdit, étourdit, fait naître en soi durant une seconde, la certitude qu’il est bon d’être vivant. Alors, j’ai regardé les deux pages qui suivent, la 264 blanche, puis la suivante où s’aligne la liste des livres du même auteur. C’était donc bien fini. Mais les autres pages alors, que mes doigts avaient senti et que mes yeux voyaient entre mes doigts, qui devaient bien être une vingtaine, que sont-elles donc, à quoi servent-elles ?...
22 avril 2009