La Taverne Limousine, boulevard Lemonnier. La patronne d'une extrême amabilité, ronde, un peu grosse, même, me fait penser à je ne sais qui. Je prends une Ciney blonde, Éléonore un vin blanc, puis se ravise et, c'est plus fort qu'elle, décide de se rendre chez le bouquiniste de la place en sachant pourtant qu'il est assez pauvre et plus cher que Pêle-Mêle. Je reste là avec ma bière et nos sachets pleins. À la table à ma gauche, une dame assez âgée, de bonne allure, en compagnie d'un homme d'une trentaine d'années, maigre, au nez aquilin, un peu malingre, lunettes (il me fait penser à Melchior). Lorsque je me suis assis, je l'ai entendue lui parler en polonais, puis en français. Elle parle de choses et d'autres, principalement des passants, de la vie alentour, il acquiesce, l'air de s'ennuyer. Mais elle parle peu, et ça me permet d'entamer la lecture du texte de Sollers dans le n° 91 de la NRF du 1er juillet 1960, sans doute l'un de ses premiers, à vérifier, Images pour une Maison, avec en exergue une citation de Xavier de Maistre et une autre de Proust ; et c'est ce qu'est ce texte, un mélange des deux, l'idée pour le premier, le style pour le second, texte brillant, malgré tout attrayant. Je l'ai achevé après le retour d’Éléonore, munie de deux livres ; elle entamera la lecture de l'un d'eux, tandis que j'achèverai celle de Sollers

 

11 août 2000