« J’ai rencontré Amiko en juillet 2004 à Kôbe au cours du vernissage d’une exposition de Léopold Franckowiak. Elle commençait à apprendre le français, le parlait sommairement, mais suffisamment pour que nous puissions bavarder sans avoir recours à l’anglais. Par la suite, nous avons entamé une correspondance. Parallèlement, elle poursuivait son apprentissage avec un professeur français installé au Japon et, de mon côté, je l’épaulais. Un jour, elle m’a appris qu’elle avait écrit un court roman en japonais et avait l’intention, pour se parfaire, de le traduire en français. Elle l’a fait, me l’a envoyé. Nous y avons travaillé pendant plusieurs mois. Puis elle a désiré en faire un livre tiré à un certain nombre exemplaires à compte d’auteur pour son propre usage ; elle m’a demandé si je pouvais m’en charger, et, en second lieu, si mes lecteurs ne pouvaient pas en bénéficier. J’ai accepté…

Durant les mois qu’a duré notre travail, je ne suis intervenu qu’au niveau grammatical et syntaxique sans chercher à gommer les glissements liés à une langue qui n’était pas la sienne, à toucher à la zone impalpable et inédite entre deux langues qui, au fil du temps, se créait. En bref, il ne fallait pas que cela devienne une traduction, et ce n’en est pas une : Les violettes dans ma chambre n’est pas un texte français traduit du japonais, mais un texte japonais exprimé en français. C’est, à mon sens, ce qui lui donne toute sa “ couleur ” et sa particularité… »

 

4 février 2022