Je me sens mieux. J’ai passé la soirée à traîner jusqu’à pas d’heure, puis, de peur d’être tenté de fumer une huitième cigarette, je suis allé me coucher avec un livre, une fois n’est pas coutume. De nouveau et en vain, j’ai tenté de mettre la main sur Cent ans de solitude, et, en désespoir de cause, je me suis rabattu sur Le Foudroyage d’André Stil. Il me fallait quelque chose de facile. J’avais hésité entre diverses choses dont Le journal d’une hôtesse de l’air dont la lecture des premières pages, près des étagères, m’a laissé perplexe et vaguement embrumé, malgré le recul et le détachement dont j’avais cru bon de me pourvoir auparavant. Il y avait Le Foudroyage juste dessous, ce livre qui m’avait intrigué lorsque je l’avais vu sur un étal de puces, tant pour son titre que pour son auteur dont le nom avait des accents de familiarité sans que je puisse le localiser dans ma mémoire. Je ne le peux toujours pas. J’en ai lu au lit les cent premières pages en attendant le retour d’Éléonore : les mines, 1960, l’Algérie, une famille dont le père mineur meurt au fond, la parole étant donnée à chacun des protagonistes, la mère, les deux frères, à la manière d’As you lay dying, par exemple, chacun s’exprimant donc à sa façon, à savoir « comme il est » ; cela donne un ton d’authenticité à l’ensemble (Ramuz, Céline, etc.). C’est pas mal, sans rien de renversant et je me demande dans quelle mesure je ne m’y attache pas du simple fait que ce décor, les mines, m’est familier, est celui de son enfance. Sans doute. Toujours est-il que je ne parviens toujours pas à secouer la gangue qui tient ce Stil enfermé…

 

23 octobre 2001