Achevé. Du conflit, de l’opposition entre imaginaire et réel, de leur confrontation, le premier qui va être amené à se confronter au second. C’est de cela qu’il s’agit et le texte (voyage) va dans le sens de cette tentative. Expérience, dont il tire une conclusion, qui n’éclaire rien, ne l’éclaire pas. Sans doute n’y a-t-il pas d’éclairage possible et c’est ce qu’il semble dire. En vérité, je n’en suis pas sûr, pas sûr de ce qu’il dit. Un doute subsiste quant à ce qu’il en dit. Un autre existe qui est mien qui dit que le voyage est parcours, itinéraire, étapes, jalons, quoi qu’il en soit. En l’absence de ces composants, ce voyage-là ne s’est pas fait, c’est-à-dire que je ne l’ai pas fait. Et je pense qu’en tant que lecteur, j’aurais dû le faire, j’aurais dû revenir de Chine en même temps que lui. Cela n’a pas été. Je ne m’y suis pas rendu, n’en suis pas revenu. Il efface et gomme délibérément, comme pour brouiller les pistes ; la piste d’un point de départ jusqu’à un point d’arrivée. Ce brouillage est au service d’une écriture, d’une vision, belles toutes deux, mais cet Autre qu’est l’Exotisme, je ne l’ai pas connu. Il ne m’y a pas transporté, emporté (en quelque sorte, il y est allé seul). Je n’ai que les images d’un imaginaire du départ que le réel n’a pas entaché, pas influencé, pas altéré. Bref, je reviens bredouille. Ou plutôt, je suis bredouille, n’ayant rien de plus à l’arrivée qu’au départ (si : un beau texte, ce n’est déjà pas si mal). Je pense que je vais en revenir à l’Exotisme devant lequel mon imaginaire va pouvoir s’extasier, et en pensant à mes propres notes de voyage, classiques, académiques, je me dis qu’elles sont préférables parce qu’elles proposent un parcours, et mieux : un déplacement. Voilà peut-être ce qu’il lui manque, ce qui manque à Équipée, en dehors de toute considération échappant au guide : le déplacement…(Pour faire un tel voyage, il ne faut pas partir ; Des Esseintes fait réellement un beau voyage…)

 

14 mai 2002