Il fait chaud, trop chaud, et c’est pour cette raison et aucune autre qu’il souffle et soupire, sans se douter un seul instant qu’il lui suffirait de se pencher à sa fenêtre pour voir là dessous l’objet de son adoration. Il ne se doute pas, n’y songe même pas tant il est écrasé et abattu par la chaleur. Il écoute, simplement, mais sans vraiment écouter, comme n’écoute pas davantage Cyrille qui, de sa place, à une dizaine de mètres en diagonale de la chambre ouverte et obscurcie, entend distinctement le son saturé et distordu des cordes qui grincent et geignent.
Mais Cyrille se fiche bien des cordes, et de quelque autre bruit ou son qui viendrait troubler ce début de nuit : Cyrille se trémousse et s’agite, bat des bras et des jambes, éclate de rire et tourbillonne pour les beaux yeux de Thibaut qui, calé de guingois dans l’encoignure de la porte d’entrée de l’immeuble, la regarde avec un sourire fixe et égrillard...