Théophile va sur ses trente-trois ans, tandis qu’Élodie en a trente-cinq ; pourtant, ils demeurent toujours là, au 38 de la rue V., chez leurs parents, où ils occupent toujours leur chambre d’enfant ; et si, en définitive, ils n’y sont relativement que peu, ils y sont tout de même suffisamment pour que les voisins se gaussent d’eux : les uns prétendent qu’ils sont lâches et frileux, les autres qu’ils font des économies, les derniers enfin leur accordent la distraction, que l’on ne peut trouver que naturelle lorsqu’on songe à toutes ces choses de l’esprit qui les animent et les absorbent entièrement.

Mais en vérité rien de tout cela n’est vrai, car si Théophile et Élodie s’attachent à ne pas quitter le milieu familial, c’est qu’il s’agit du seul endroit au monde où ils peuvent s’aimer impunément et sans la moindre once de culpabilité...