Sa tête est légèrement penchée sur la droite. Le nez est haut et petit, mais on ne sait rien de sa forme que le grain important de la photo efface. De même pour la mâchoire inférieure dont on ne peut dire si elle est réellement carrée et épaisse comme elle semble l’être là ; trop épaisse, en tout cas – et il y a presque le début d’un prognathisme – pour ce visage d’adolescente que l’instant d’avant on aurait pu trouver jolie et qu’à présent on qualifie de curieuse, voire de disgracieuse. De même pour la bouche : elle est trop grande et les lèvres grosses sont singulièrement écartées : trop ou pas assez, on ne sait pas vraiment ce qui détonne et l’on se demande si cette bouche lui appartient vraiment, s’il ne s’agirait pas d’un montage qui l’aurait affublée d’autres lèvres que les siennes, plus pleines, charnues et sanguines – sans oublier les dents qui paraissent pointues – et trop grosses par rapport à son visage comme pour mieux en contredire l’innocence, mieux rattraper le sens réel de sa présence qui le trahit. Et c’est vrai qu’en y regardant de plus près, on se rend compte que la bouche est le centre exact de la photo, cette bouche qu’en sus deux doigts de la main droite désignent : l’index, dont l’ongle effilé et vernis en rose est posé au milieu de la lèvre inférieure ; le majeur, dont l’ongle identique souligne la commissure. C’est bien elle qu’il faut voir et regarder avant tout, et c’est elle que l’on voit et regarde avant tout...