– Bon, si tu veux. Nous sommes donc là, moi Sylvain, ton frère, qui vient te rendre visite, toi Apoline, ma sœur, qui poursuit des études de biochimie en vue d’un doctorat en publicité mensongère – quand tu auras deux secondes, tu m’expliqueras le rapport...
– Mauvaise orientation, sans doute..
– Ne te fiche pas de moi, s’il te plaît. Donc, dans cette chambre – pas très reluisante, je peux te l’avouer, si tu veux mon point de vue –, il y a deux fenêtres, et une porte pour y entrer. De chaque côté de cette porte, il y a un lit. Au milieu de cette chambre – tu m’arrêtes si je me trompe –, il y a une table qui vous sert tout à la fois de table et de bureau – ce qui, entre parenthèses, vu le prix que papa et maman paient pour tes études, est rien de moins que scandaleux –, et à cette table, il y a deux chaises sur l’une desquelles il y a moi, assis. Tu me suis jusque là ?
– Je te suis.
– Bon. Les deux fenêtres donnent sur le rue et devant l’une d’elles tu te tiens en me tournant le dos, le visage calé entre la poignée de cette fenêtre et le rideau que tu écartes de la main droite. Tu es là à demi-absente, c’est à peine si tu m’écoutes, et après tout cela tu soutiens que tu ne regardes pas dans le rue depuis la fenêtre de ta chambre !...