« Bonjour papa, bonjour maman ! »

Pourtant, c’était bien elle ; et si l’on exceptait le bronzage outrancier et la retenue résolument excentrique – que d’aucuns auraient immédiatement qualifiée d’exotique –, elle était bien la même.

Ils l’ont donc reconnue ; mais n’y ont pas cru pour autant, et se sont machinalement laissés embrasser – quatre grosses bises claquantes à chacun –, en opposant à sa jovialité spontanée et légère une sorte de pétrification qui aurait été l’effet de quelque sortilège dont le pauvre égaré qu’elle tenait toujours par la main (soudure d’amour inédite ? crainte d’une fuite inopinée ?) aurait détenu le secret au fond de sa poche.

Ils n’étaient pas loin d’avoir vu juste – encore que rien n’ait pu les inciter à imaginer une chose pareille, et on voudra bien considérer la formule comme une pure recette narrative – car ce croquemitaine dégarni, ce ratibus affaissé qui aurait davantage servi à une campagne sur la cloche dans les métropoles qu’à la symbolique du yachtman dans les longs métrages frivoles, avait délaissé la veille même un poste juteux de médium à Calcutta pour s’adonner corps et âme à la fraîcheur contagieuse de Sabine dont la simple vision pouvait parfois le faire entrer en transes...