Restent encore l’anémone, l’adonide, le pied d’alouette, la primevère, les griffes de renoncule qui peuvent d’ores et déjà être mis en terre. Et c’est ce qu’il va faire aujourd’hui, car aujourd’hui est le bon jour, le tout dernier, et il s’y est préparé, et à présent dispose les cagettes sur sa brouette (qu’il va bientôt pousser en direction de la première allée, celle qui longe les fenêtres de l’ancienne intendance du foyer) tandis que derrière lui, sur un banc, à proximité du platane qui marque le centre de la bande de pelouse qu’il a concédée à ces demoiselles pour leur repos et leur bon air, gloussent deux jeunes filles qui feignent de compulser des ouvrages qu’elles ont jugé bon de prendre en nombre considérable comme pour mieux se garantir d’une activité cérébrale importante (mais en elles ne s’agitent que des frissons, et de douces perspectives de rencontres avec des garçons, de leur âge ou non)...